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L'Homme de Pierre (1739m) - Haute-Auvergne - mardi 17 juin 2025 |
Je suis revenu rendre hommage à "l'homme de pierre" qui dresse son front minéral, là-haut, très haut, au-dessus des forêts noires, au sommet du Puy Chavaroche. Serait-ce le dernier devoir de ma conscience avant de rendre les armes? Je sens confusément, en moi et autour de moi, un flux sur le point de se tarir, une volonté sur le point de lâcher prise, sans contorsions ni souffrance. Qu'ai-je cherché pendant tant d'années dans cette course altière sur ces antiques promontoires de bruyère et de roche que le vent sculpte en longues chevauchées mystiques? J'aimais me plonger dans le mystère de l'itinérance comme dans la promesse d'un enchantement. Hélas, même ici, malgré les élans de pureté et d'exaltation que nous concèdent encore nos premières adorations, tout finit par être gâté par la lèpre invasive du présent. Mes craintes se vérifient jour après jour comme dans une funeste prophétie. L'homme, avec son mauvais oeil et sa mauvaise foi, se niche partout comme une moisissure, assez stupide pour ne concevoir que la morale du pire dans ses rapports au monde. Je sens partout autour de moi ces désirs de violence et de domination, cette rage de vandalisme abolir la conscience des choses saintes et sacrées, la légèreté miraculeuse de l'être. Partout je ne vois plus que des bornes arrachées de leur hiératisme millénaire, des sols ravagés, des paysages avilis, toutes ces plaies utilitaires que l'impolitesse des peuples avive avec une effrayante obstination. L'ombre de la peur et les fléaux de la convoitise n'épargnent plus la moindre intimité de la nature ni aucune des retraites magiques de l'enfance. Si je trouve aujourd'hui encore la force de marcher sur ce chemin de poussière, c'est pour recueillir à son chevet les dernières confidences émerveillée du monde : quêter, contempler ce qu'il en reste d'innocente, d'agonisante beauté parmi ce gâchis sans fin, sans plus rien en espérer, avant de disparaître à mon tour. La dernière mission de l'artiste, de l'être sensible, est peut-être de pouvoir s'effacer avec bienveillance, se fondre en souriant dans le regard épuisé du monde. C'est ainsi que je vois le dernier coup de pinceau du peintre et sa palette de rêves enfin posée dans la douceur résignée du soir. Las, je désire ne rien regretter de ma présence éphémère à cette énigme miraculeuse de l'existence, ne rien regretter de mes oublis de l'autre et de l'ailleurs, ne rien regretter des imperfections de l'inassouvi. Je vole encore vers mes dernières échappées, embrassant goulûment les nuées de lumiére. Les infirmités du temps me relègueront peu à peu dans une caverne de pénombre où plus rien de me parviendra des folles prières de la colère et des cris de la guerre. Je m'accomplis désormais en moi-même, bien plus aisément que je ne l'eusse imaginé.
Je suis revenu rendre hommage à "l'homme de pierre", me hissant par les sentiers abrupts jusqu'aux sommets fabuleux qui relient nos âmes au ciel, leurs élans d'inquiétude à l'espérance de la grande Paix. De là haut se déploient les plis du relief gigantesque que l'on pourrait croire invincible, qui l'est assurément du point de vue de l'inertie physique, mais que l'on sait déjà travaillé, miné dans sa dignité morale et esthétique, par cette grouillerie sournoise, ce phylloxéra de l'écume humaine, qui monte, qui monte jusqu'à vouloir tout engloutir des embruns de jouvence et de la sève primitive.
J'ai encore en moi, tenace, fidèle comme l'honneur, la croyance du pouvoir initiatique, purificateur de l'ascension. Celà tient à la constitution de nos pères qui vivaient constamment au contact de cette épreuve morale qu'impose l'obstination impitoyable de la montagne. Mais je suis bien loin d'atteindre aujourd'hui leur force et leur endurance, l'héroïsme de leur misère et de leur souffrance, car je reviens ici en dilettante, en rastaquouère de l'itinérance sans nul autre souci que de parfaire la délicatesse de mes sentiments.
L'ascension procure la pure émotion, et par elle, je parviens au poème absolu, revivant l'acte de création dans une sorte d'immersion hypnotique de la pensée. J'oublie enfin tout de moi, ma prétendue physionomie dialectique, prêt à me dissoudre dans l'inaudible concert métaphysique, à me réduire à cet ultime atome de jubilation contenant à lui seul toute l'espérance, le vertige impassible de l'univers. En mourant ici et maintenant, je libère l'infini de l'indicible et j'évite, par dessus le marché, d'assister au pire qui arrive.
Chaque pierre, dit-on, a été portée sur ce promontoire depuis la vallée à travers les pentes d'Emblaud, en oeuvre d'expiation, par des humbles, des anonymes qui connaissaient encore la valeur de la dignité. Mais si l'étre humain est encore capable d'espoir de rédemption, de bonté et d'intelligence, qu'en est-il de son espèce égarée, accablée de rêves de destruction? Je vois ces foules qui rient et qui grondent, courant en troupeaux effarés vers des goufres de perdition. Je vois ces incendies d'apocalypse, ces haines scélérates, ces offrandes de violence et de mort et partout la main sacrilège qui profane et qui mutile.
L'enfer s'annonce toujours sur un territoire par les discours mimétiques sur le développement économique et autres ritournelles de ce genre. Le groin des multinationales et des grands groupes financiers n'est jamais bien loin à renifler sans vergogne le fumet de leur prédation. Les premiers signes matériels bien connus accourent bientôt en éclaireurs, établissent des têtes de ponts, pour forcer ensuite toutes les digues. Equipements, infrastructures, aménagements, ce sont les désignations dont on pare avantageusement toutes ces diableries. D'année en année, à chacun de mes retours, je vois la progression des dégâts qu'elles infligent à la Terre, à l'harmonie des paysages. Je ne peux me faire à l'idée que la laideur et le chaos qu'on nous impose avec autant de brutale condescendance puissent constituer un progrès, un motif de contentement et de satisfaction. Mon Dieu, quand en aura-t-on fini avec cette civilisation du pire, avec ce catéchisme pernicieux des promoteurs et des concessionnaires? Quelle est cette soif insensée qui nous a rendu si enragés au point d'anéantir la terre nourricière qui gémit sous nos pieds? Oh dissiper enfin le cauchemar, renaître enfin à la paix et à la félicité du cœur et de l'esprit! Faire rejaillir les sources asséchées, redonner vie aux jardins saccagés et à leur saine abondance, recouvrer le sens assagi du bonheur! Telle sera la tâche de la nouvelle humanité qui vient, encore trop tiraillée, il est vrai, entre la part congrue qui y consent et celle, encore massivement majoritaire, qui ne veut rien entendre.
C'est dire à quel point l'être humain, et dans son prolongement l'être social, est ce que nous trouvons encore de plus ordinairement malfaisant au sein d'un environnement naturel. Les statisticiens appellent cela une "donnée constante". Il n'est d'ailleurs pas moins malfaisant en Haute Auvergne, d'où je rentre de ce dernier voyage, que partout ailleurs. Je crains, de ce fait, de devoir bientôt renoncer à quêter l'amour des belles choses hors de ma province de résidence, laquelle ne vaut de ce point de vue pas mieux que les autres. Alors, pour se prémunir de toutes nouvelles désillusions autant rester, après tout, là où l'on se trouve, à endurer patiemment celles auxquelles nous avons déjà suffisamment affaire. Car s'aventurer, s'évader dans ces lieux censément inspirés n'ayant plus d'autre magie à offrir que les mêmes pauvretés qui font chez nous notre ordinaire n'aura évidemment plus de sens ontologique. Ai-je le tort d'être trop exigeant envers mes contemporains, de n'être attaché qu'au pittoresque et au charme des caractères désuets, de ne voir les beautés du monde qu'à travers le regard exclusif et absolu de l'artiste? Bien sûr, on pourra gloser avec plus ou moins de pertinence sur ce point, critiquer à l'envi mon sens défaillant des réalités matérielles et fonctionnelles, ma méconnaisance des nécessités incontournables du siècle... mais je ne regrette pas un instant les soubresauts de ma conscience car les conséquences de toutes ces dévastations, n'en doutons pas, se vérifieront douloureusement à l'heure prochaine des comptes, l'heure qui, en fait, est déjà là.
Je suis revenu rendre hommage à "l'homme de pierre", qui, comme Janus aux deux faces, contemple imperturbablement le début et la fin de toutes choses. Comme dit le sage chinois : "le ciel et la terre sont indifférents aux passions humaines. Pour eux les vivants ne sont que chiens de paille". Ce n'est donc pas tant, Dieu merci, le spectacle misérable de la condition humaine, de ses bassesses et de ses forfaitures qui présente quelque intérêt d'être contemplé depuis ces sommets du monde, que celui, réunies dans leur gloire infinie, des merveilles de la Création. En effet, l'ascension vise avant tout au sentiment du sublime, celui du dépit philosophique et du dégoût prophétique s'éprouve, ce me semble, au long de la descente, au moment de la phase analytique.
Quoi qu'il en soit, nous l'avons dit, nous commençons à connaître le prix terrible de nos errements. La scène pastorale aura brûlé son décor, son ciel et son plancher itou, et il sera alors trop tard, je le crains, pour y réserver sa chambre avec vue. Voyez-vous, là où il n'y a plus de beauté, il n'y a plus de motif de vivre, c'est-à-dire plus de vie digne.
Du Puy Chavaroche, mon regard s'étend à l'ouest sur les crétes qui dominent l'immensité du Bois Noir dont le couvert moutonne depuis les hauteurs de Fontanges et St Projet de Salers. L'œil familier du chaos orographique reconnaît le Roc d'Hoziéres, à l'aspect d'un pain de sucre, Roche Taillade, le Roc des Ombres, en équilibre entre la vallée du Falgoux et celles de la Bertrante et de L'Aspre. Leurs sommités se succédent en arc de cercle dont la perspective se projette, au Nord, dans un poudroiement bleuté, jusqu'au célèbre Puy Violent qui surplombe la vallée de Recusset..
La prairie qui dévale en pente abrupte à mes pieds, dans une immense étendue en forme de cuvette où court le torrent d'Emblaud, rejoint la frange supérieure du Bois Noir que l'on voit s'effilocher dans un vertigineux contrebas en écume de bronze. La paroi occidentale de la cuvette est une longue épine rocheuse aux côtes chevelus, dominée en son milieu par le Puy d'Orcet, au-delà de laquelle se précipite un deuxième glacis borné par le gigantesque Roc des Ombres et la Brêche d'Enfloquet. On ne perçoit pas d'ici la profondeur de ses grandes pentes d"herbages et de sapinières, auxquelles le ruisseau de Chavaspre, jaillissant du flanc des crêtes, a donné son nom plein de rudesse primesautière. Tout cela m'apparaît, d'où je me trouve, si dérisoirement petit et solitaire que c'en est une vraie poésie de de charme et de tendresse. Je devine, éparpillé en confetti entre les mouchetures de bruyères et de genêts avec lesquelles il pourrait être confondu, un troupeau semblant appartenir à la caractérique race des vaches Salers, à peine perceptible dans le lointain. Détail aussi curieux qu'inattendu, je reconnais, minuscule, le petit bouquet de feuillus qui nous abrita des ardeurs du soleil il y a deux ou trois ans déjà, lors d'une précédente ascension par le Bois Noir. Plus bas, en lisière de forêt, je distingue encore le vieux buron du Rauffet, petite vigie pastorale dans l'immensité de l'estive.
D'en bas, où nous étions alors, nous apercevions le promontoire de l'homme de pierre qui nous semblait encore si loin, si haut dans le ciel, et oû l'on distinguait à peine, en clignant les yeux, de petites silhouettes se mouvoir sur le long sentier de créte.
L'autre face de "l'homme de pierre - Janus" est tournée au sud-est vers la vallée de Mandailles, "vaste et superbe" comme eût dit Gustave Fraipont, d'un pittoresque il est vrai, absolument remarquable qui forme au détour du Puy Mary un immense entonnoir où culminent de multiples gibbosités dont le curieux et surprenant Puy Griou, avec sa forme de cône rocailleux. La vallée de Mandailles, dans son organisation géographique et humaine, est franchement orientée vers le grand Sud occitan en direction d'Aurillac, tandis que celles du Pays de Salers, où nous avons habituellement nos loisirs et résidence, dirigent leur tropisme vers Mauriac et le Limousin.
Ribier du Chatelet* a fait une peinture tout-à-fait exquise des merveilles de cette région du Bois Noir. On y sent vibrer tout à la fois, réunis dans un récit plein de vivacité, de délicatesse et de couleurs, la sensibilité de l'artiste, le sens minutieux de l'observation propre au naturaliste, et l'entrain de l'excursionniste. Je me délecte de ces pages comme d'une poésie tendre et naïve qui parle à l'âme éternelle de l'enfant, au désir inassouvi de paix et d'enchantement. Les cent soixante années et plus qui me séparent de ces anciens tableaux de nature sauvage n'ont rien ôté à leur fraîcheur primitive et les restituent intacts à mon regard. Il est vrai que rien ne change moins qu'une permanence géologique, qu'un paysage de montagne purgé de la présence de l'homme. Seul le manteau des forêts à pu perdre ou gagner, çà ou là, en étendue. Quant au reste, le développement de la civilisation utilitaire en a fait son affaire, il fut un temps pour le meilleur mais davantage aujourd'hui pour le pire. Un peintre contemporain ne restituerait d'ailleurs plus la méme composition des paysages, je veux parler de ces paysages occupés (avec si peu d'égard) par la société humaine. Beaucoup d'intrants jadis inexistants viendraient y faire de fort vilaines et irrémédiables taches au point que je gage que d'ici vingt ans, toute vision poétique (j'allai dire romantique) de la nature ne sera plus qu'une vieille chimère. Bien sûr, nul ne connaît l'avenir sur ce point comme du reste, mais nul n'ignore non plus que les coteries dominantes qui y fondent leurs intérêts, avec le soutien de leurs idéologues, leurs acolytes et leurs concussionnaires (on appelle cela le "Système"), de cette Terre enchanteresse saigneront jusqu'à la dernière goutte les sources miraculeuses. Hélas, la philosophie de la nature qui anime tout étre respectueux de lui-même et du principe de dignité en tout être et en toute chose, n'a pas le pouvoir d'éventer ce poison universel qui brutalise tout ce qui sur cette terre coule, croît et vit. Mais se peut- il qu'un jour, non pas la Raison (on voit vers quels désastres et inepties tous ceux qui s'en réclament nous précipitent), non pas la raison, dis-je, mais plutôt l'esprit de lumière, dans sa grâce et sa légèreté, l'emportera comme l'Archange Saint Michel, sur le monstre fétide de la matière? Qui douterait encore qu'un grand combat de libération morale et culturelle est nécessaire pour régénérer le sens de notre humanité? Au point qu'il s'agit plus que jamais de choisir son camp: Schelling ou Macron, l'Elfe ou l'Orque, Ariel ou Caliban, le chef Seattle ou le général Custer. Il n'y a jamais eu d'autre "pensée subtile" que cette science mystique qui enseigne la voie du ciel et la fraternité cosmique! Le reste vaut bien peu de chose. Les hommes ne suivent plus guère les chemins de la sagesse et ne distinguent plus guère le laid du beau, le sain du corrompu. Cela peut paraître fort obscur et mystérieux mais nous gagnerions à retrouver en nous la culture des choses imperceptibles, des êtres invisibles, cette religion intuitive de l'Unité. Tout l'univers est contenu en nous comme dans l'eau d'un miroir et ce que nos sens en perçoivent est une projection de notre propre intériorité. Nous sommes nous mêmes emplis d'infini, ce que le Sage appelle Le "Vide Parfait" ou, comme nous dirions en Occcident, "l'Esprit". Certes, ce Vide n'est pas le néant stérile, sourd et aveugle oû rien n'entre et d'où rien ne sort, car comme disait Lao Tseu, le Sage en question, , "il est empli de l'inépuisable", il est la porte du ciel et de la terre, l'origine de tout ce qui est. C'est de son essence insondable, comme d'une paix immense, que nous cherchons à être pénétrés en montant toujours plus haut sur le sentier de l'Eternel. La montagne est une métaphore utile car elle donne la représentation d'une volonté, d'un effort pour accéder à un état supérieur.
C'est ainsi que chaque homme, chaque femme devrait faire l'expérience de quelque chose qui ressemble à l'ascension du Puy Chavaroche, de préférence, pour ceux qui en auront le loisir, à partir du col de Légal en suivant les crêtes de Cabrespine et de Cassaïre. C'est assurément une des plus belles excursions à travers les montagnes de Haute Auvergne, un des lieux magiques oû il vivra totalement l'expérience du Vide inépuisable, cette sensation d'infini et d'ivresse spirituelle qui vous plonge avec jubilation et volupté dans l'âme cosmique, la puissance du flux universel. Combien de temps jouirons nous de ce qui reste de beauté en ce monde qui n'a pas encore été détruit?
La guerre, le chaos climatique, la famine, la folie nucléaire, les multiples calamités sanitaires et écologiques dont l'étre humain est si friand et si prodigue, nous voyons que les motifs et les causes ne manquent pas. On pourrait même les regrouper sous l'appellation collective des "prodiges de la bêtise". La bêtise a de multiples visages, on le sait. Elle niche comme ces colonies de mites sur toutes les étagéres de nos institutions. De ce fait elle n'affecte pas seulement les différents types de bougres et de rabougris sans boussole cognitive, les lourdingues du premier degré en quelque sorte, mais aussi tous ces spécimens sociaux prétendument bien éduqués, qui se signalent souvent par leur "trés bonne situation", comme dit mon amie Arlette et dont les mines arrogantes ou rougeaudes ont sans doute fort peu muté depuis les portraits qu'en firent nos moralistes latins. Si encore tous ces bêtes-là étaient inoffensifs, on pourrait sans dommage en rester au fabliau et à la comédie de moeurs. Mais non, il faut encore qu'ils aient ce pouvoir de nuisance inégalé propre à malmener le sort de nos existences et de notre environnement.
On nous dit que le sage est patient comme un chat, qu'il est un expert en décantation, qu'il se préserve par le calme intérieur et le silence et que par conséquent aucune salissure, aucune calomnie, aucune injure n'atteint son âme. Un peu comme ces étres de souffrance universelle jetés au bord des routes, accablés d'injustices et de misères qui ne conservent plus que cette chose qu'on ne peut leur enlever: la nudité du philosophe, la foi du charbonnier, la dignité que n'atteindont jamais leurs tortionnaires et leurs bourreaux.
Je suis revenu rendre hommage à "l'homme de pierre", comme on revient dans sa demeure véritable, à sa propre source, au coeur de soi-même. J'y ai glissé moi aussi l'humble pierre qui s'ajoutera au rempart de toutes celles qui se dressent vers le ciel. Chacune de ces pierres, grosse, petite, plate, ronde, irrégulière, faite de la larme figée des volcans, renferme un voeu, une prière, une action de grâce déposés en offrandes mystiques. Et toutes ces pensées, ces symboles en perpétuel mouvement, font comme un murmure, un vague bruit de fond cosmique trés étrange et trés obscur, que le vent emporte au loin dans la prairie céleste.
*Dictionnaire statistique du Cantal , volume IV - 1856 -
Honorius- Les Portes de Janus, le 15 juillet 2025