samedi 15 janvier 2000

La philosophie du bon sens

Combien d'êtres humains, et les plus nombreux, gagneraient assurément en bonté et en vertu, à méditer quelques instants les sages enseignements que leur procure l’expérience de la saine philosophie du bon sens.  
Leur vie, accaparée par la tyrannie du temps, dévorée par la fièvre de l'ambition et des affaires, ne sait plus observer la simplicité des choses, ni ressentir l'âme profonde du monde. Ils ne soupçonnent pas qu’il puisse se manifester un autre intérêt à l’existence que l'absurdité de l'agitation et du mouvement perpétuels, l'emballement matérialiste et utilitaire qu'ils imaginent être le but et la raison du bonheur. Qu'ils s'avisent de faire de leur aliénation une sorte d'exemple ou de messianisme, alors l'esprit philosophique devra s'appliquer à la dénoncer et sans aucun doute à la combattre sans relâche comme une perversion ontologique néfaste à la préservation du monde.
Combien d'êtres humains, disais-je donc, gagneraient pour leur salut mental à regarder un instant en eux-mêmes. Que leur esprit enflé d'orgueil tente seulement de s’élever à la hauteur de quelques unes de ces pensées que nous a léguées l’irréprochable exemple des Anciens ! Qu’ils confient l’indigence présomptueuse de leur personne et du vide de tout ce qu'ils représentent à la persévérance de l’antique Sagesse, aux saveurs salutaires du vieil humanisme de nos pères, aux implorations poignantes de l’Eternelle Espérance ! 
Qu’ils entrebâillent seulement un regard sur une de ces étonnantes confessions dont l’homme mesura déjà, par le don suprême de l’humilité, la précarité de toutes choses en ce monde et celle de sa propre destination ! Peut-être qu’alors, dans l’élévation de leur conscience se dessillera l’aveuglement de leurs vaines passions et s’éveilleront en leur cœur les sentiments d’une plus noble et plus haute moralité dont la paix universelle leur sera redevable.
Et s’ils demeurent encore sourds aux derniers appels à la résipiscence, alors, Seigneur, je T’en conjure, Délivre-moi, Eloigne-moi de leur folie !! 

Honorius/ Les Portes de Janus/15 janvier 2000





Le paysan philosophe

Selon Montaigne, l’homme philosophique et l’homme rural « concourent en tranquillité et en bonheur », l’un par la raison, l’autre par la complexion. 
L’homme de la terre porte en soi la science instinctive, ce sentiment héréditaire des réalités et des équilibres permanents de la nature, indispensable aux soins de son industrie. Le philosophe, lui, exerce l’intelligence active, c’est-à-dire l’esprit de curiosité et de spéculation par quoi il appréhende la conscience de la vie et de l’univers. 
Au vrai, tout homme de la terre peut revendiquer une espèce de parenté avec le philosophe, car tous deux vivent à la source et au cœur des choses, dans le détachement des frivolités et perversités du monde. Mais l’union de leurs facultés respectives contribue à l’existence d’une trempe particulière : le philosophe campagnard ou le paysan philosophe. Ce type virgilien n’est certes pas une innovation dans l’histoire de l’humanité et pour cause. Il s’en est trouvé dans tous les milieux et établissements et dans toutes les époques, par les vertus de dispositions ou d’inclinations particulières.
Mais le sentiment et la raison qui s’unissent en lui produisent une qualité aujourd’hui essentielle à la préservation de la vie sur terre : le respect fondamental dû à l’harmonie et à l’ordre naturels du monde, sans quoi tout n’est que désolation et immondices. 
C’est ainsi qu’il ne saurait y avoir véritablement d’homme honnête et philosophe qu’homme proche de la nature. 


Honorius/ Les Portes de Janus/15 janvier 2000




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