samedi 15 janvier 2000

Le paysan philosophe

Selon Montaigne, l’homme philosophique et l’homme rural « concourent en tranquillité et en bonheur », l’un par la raison, l’autre par la complexion. 
L’homme de la terre porte en soi la science instinctive, ce sentiment héréditaire des réalités et des équilibres permanents de la nature, indispensable aux soins de son industrie. Le philosophe, lui, exerce l’intelligence active, c’est-à-dire l’esprit de curiosité et de spéculation par quoi il appréhende la conscience de la vie et de l’univers. 
Au vrai, tout homme de la terre peut revendiquer une espèce de parenté avec le philosophe, car tous deux vivent à la source et au cœur des choses, dans le détachement des frivolités et perversités du monde. Mais l’union de leurs facultés respectives contribue à l’existence d’une trempe particulière : le philosophe campagnard ou le paysan philosophe. Ce type virgilien n’est certes pas une innovation dans l’histoire de l’humanité et pour cause. Il s’en est trouvé dans tous les milieux et établissements et dans toutes les époques, par les vertus de dispositions ou d’inclinations particulières.
Mais le sentiment et la raison qui s’unissent en lui produisent une qualité aujourd’hui essentielle à la préservation de la vie sur terre : le respect fondamental dû à l’harmonie et à l’ordre naturels du monde, sans quoi tout n’est que désolation et immondices. 
C’est ainsi qu’il ne saurait y avoir véritablement d’homme honnête et philosophe qu’homme proche de la nature. 


Honorius/ Les Portes de Janus/15 janvier 2000




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