Ce matin, les bruits de chasse sont venus troubler la quiétude givrée et embrumée du Mont Popey. Pourtant, le Mont Popey, comme la campagne si malmenée qui l'environne, n'abrite presque plus de biodiversité animale et je suis toujours étonné de voir autant d'obstination et de rage à traquer la moindre manifestation de vie timidement sauvage dans cette espèce de désert.
J'entends les cris furieux des veneurs, crachés comme des imprécations. J'entends les hurlements des chiens qui ressemblent à ceux des bêtes qu'on égorge et cela me rend triste. Et puis je m'interroge: comment prétendre chasser au milieu d'une telle purée de poix, épaisse comme le fog sur la Tamise. Si ce n'est pas une question pertinente, il faudra alors m' expliquer pourquoi. Déjà que par temps clair l'être pacifique que je suis nourrit de fortes raisons de s'inquiéter au bruit des défouraillements tous azimuts mais en plein brouillard mes craintes redoublent. Je m'interroge légitimement sur le risque d'un tir au jugé dans de telles conditions. A cette idée je sens une certaine crispation me saisir. Albert as-tu bien planqué les chevaux, qu'on ne les confonde pas avec des berniques ou des libellules?
Bon, les rumeurs s'atténuent et s'espacent. On dirait que les défouirailleurs, dépités et penauds, rentreront bredouilles avec leurs chiens dévotement excités à mordre et à tuer. La haine de la vie n'aura pas eu le dernier mot aujourd'hui sur le Mont Popey. Et rien que cette idée, oui rien que cette belle idée m'emplit d'une immense allégresse!
Le 19 janvier 2025
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.