C’est au
sein de la nature que l’homme puisa ses premiers sentiments.
La
perception du Réel s’opéra d’abord sur le mode de l’intuition et de l’interprétation
des apparences, ce qui valut à nos ancêtres d’être avant tout des artistes et
des poètes.
« Les
premières pensées, à proprement parler, furent des poèmes » disait Alain.
Le
perfectionnement des outils d’observation et des méthodes d’analyse renforça
peu à peu les connaissances positives, développa l’emprise de la Raison et de
la Technique, et partant, le pouvoir de l’homme sur le monde.
Mais quel
doit être le sens à donner à ce pouvoir, qui peut être aussi force
d’asservissement et de destruction ? Tant il est démontré que la Raison se
fourvoie volontiers dans les errements de la présomption et de la bêtise, et se
corrompt si aisément dans l’esprit de chicane et de médiocrité.
C’est à ce
point que le philosophe prend le relais du scientifique. Car, « Science
sans conscience n’est que ruine de l’âme ! » aimaient fort justement
à enseigner les Anciens.
Et Alain
d’ajouter : « Il n’y a qu’un objet de la pensée : le monde,
l’homme et leurs rapports ! ».
L’homme
moderne sensible au spectacle de la nature doit être assurément un peu poète et
philosophe à la fois.
Poète, il
s’imprègne du sentiment de la Beauté et lui rend grâce des vertus qu’elle lui
inspire.
Philosophe,
il médite sur la place et la finalité de son espèce au sein du grand prodige de
la Création.
Face à la
nature, l’homme est, comme disait justement Pascal, un ciron, microscopique et
tout-à-fait inoffensif, à l’échelle de ce qu’il devrait toujours être. Mais des
milliards de cirons phyllophages agglutinés dans un champ de luzerne ont le
même effet dévastateur qu’autant d’êtres humains grouillant à la surface
terrestre.
L’homme
s’emploie avec méthode et application à transformer l’Eden originel en désert
stérile et misérable.
C’est dire
que le fameux « roseau pensant », le superbe prétendant à la
« grâce », est un bien piètre penseur lorsqu’il marche et bêle en
troupeaux, aussi inconséquent dans le présent que dans la vision de son propre
avenir !
Honorius/ Les Portes de Janus/ Décembre
2006
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