De Profundis
S’élever à la lumière du soleil, vers l’Infini, sur un cheval de vent ou bien glisser peu à peu dans l’ombre indolore de l’oubli, suivre dans la brume cette longue route de nuit qui s’allonge sous mon pas ! Oh j’espère ardemment en l’un ou en l’autre, et j’en ai peur, peur de ce ciel, de ce gouffre de suprême rédemption. J’ai si froid, et comme je tremble et je pleure, entre les déserts et les forêts de l’enfance, hanté par le souvenir de la grandeur abattue de mon père, attendri par le spectacle immaculé de la vie en fleurs de ma fille, mes derniers regrets et mes dernières espérances d’ici-bas ; et puis être enfin libéré de la Divinité, cette fatalité adorée, bienveillante, oppressante et cruelle, cet impitoyable démon de plaisir et d’amour qui convulse le destin de l’homme, pouvoir enfin avancer au milieu des prairies où coulent les torrents, parmi les splendides nudités de la vraie Création, « rentrer dans son cœur », se dépouiller de ses bagages terrestres, qui selon le latin Perse « se réduisent à bien peu de chose ». Le croyant, l’homme honnête ou désespéré, doivent en effet se présenter humbles et purifiés dans cette ascension ascétique qui les conduit au sommet sacré de la montagne, sur les remparts flamboyants du Ciel.
Qu’importe, après tout, le salut de mon âme, le cours de ma vie languissante, qu’importe le mystère du Verbe et la beauté de l’espérance des autres, puisque demain, l’éternelle aube blanche et noire reviendra obstinément avec sa vérité.
Oh que passe enfin, d’une manière ou d’une autre, cet exécrable solstice de l’hiver !
16 janvier 2009
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