Nous n'aurions jamais imaginé revoir l'horreur de la guerre s'abattre aux portes de l'Europe, aux portes de nos conforts et de nos certitudes. Cela se passe en Ukraine. La guerre, avec ses images noires et poisseuses de décombres en feu et de cadavres déjetés. Cette guerre nous renvoie, dans ses ressorts et dans ses articulations, à des mentalités et des représentations du monde complètement archaïques, avec comme suprême stupéfaction le spectre de l'arme nucléaire. Le peuple ukrainien, sorte de Scythes lointains et mystérieux, dont je connais si peu de chose, je le vois, je l'entends pourtant se battre comme un animal blessé contre l'ogre russe, avec cette folie du désespoir d'où jaillit le sens tragique et dérisoire de l'héroïsme.
L'union sacrée des nations policées s'est faite contre la brutalité de l'impérialisme russe. A juste titre. Ces Russes à la baguette sont nos Boches contemporains, avec leur Lebensraum de sauvagerie et de terreur. Attila eut ses Champs Catalauniques, le Poutine aura bientôt ses champs d'urnes, en Ukraine ou ailleurs. Mais ce monde qui s'indigne, n'en doutons pas, est aussi cynique et désastreux à sa manière et sous d'autres formes, je dis bien sous d'autres formes, que la réalité calamiteuse qu'il dénonce. La communauté scientifique vient une fois encore de sonner le tocsin sur les conséquences dramatiques du changement climatique et de l'agonie du monde vivant, causés par la longue irresponsabilité du genre humain. Dans le brouhaha anxiogène de la guerre, cette alerte est presque aussi inaudible que le furent les précédentes dans le train-train oppressant des affaires. En fin de compte, que nous devions notre prochaine destruction au climat ou à la guerre, ce sera dans les deux cas du fait de notre aveuglement collectif, par la bassesse de nos appétits et la déchéance de nos âmes.
C'est ainsi que chaque jour qui passe nous éloigne du Royaume.
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