Cerise, petite chatte orpheline, a été recueillie dans les jardins du Popey le 17 juin dernier. Nous comptions sur le rôle qu'aurait pu jouer Caramelle, jeune chatte adulte, pour lui assurer le substitut d'amour maternel qui lui manquait et la protection qui lui était nécessaire. Hélas, Caramelle, ignorant tout de l'expérience de la maternité, a considéré la petite Cerise comme une intruse, et, sans pourtant se montrer agressive à son encontre, ne noua aucun lien de proximité et d'affection, et préféra s'éloigner de la cabane pour aller faire sa résidence, plus haut, dans les recoins de la "carrière".
Je l'avoue, j'ai éprouvé personnellement beaucoup de peine à voir cette toute petite créature sans défense, livrée à elle-même. Je pensais à la terreur qu'elle pouvait éprouver seule, la nuit, dans la cabane, à ces errances inquiètes dans les grands jardins du Popey. Toutefois, nous avons tous été présents quotidiennement pour entourer Cerise de nos soins et de notre plus belle affection. Nous avions tenté de la rapprocher de Caramelle au moment de servir la pâtée et cette expérience semblait marquer quelque début de progrès.
J'aurais aimé faire de belles projections d'avenir pour cette petite chatte, souhaité que toutes ces petites détresses qui inauguraient si injustement sa frêle existence fussent bientôt oubliées. Je l'imaginais peu à peu grandir dans ce jardin de soleil, gagner en force et en assurance. Je me disais aussi qu'il faudrait lui apprendre à retenir, dans les jeux que nous avions, l'impétuosité de sa dent et de sa griffe qui commençaient à nous aiguillonner la peau. Oui, chaque journée je lui souhaitais le meilleur, les offrandes de la vie, les promesses du jour, la victoire sur la peur.
Hier, en fin d'après-midi, à l'heure où je me rendais dans les jardins pour ma visite quotidienne, Roland, alias Astérix, m'a annoncé la disparition de Cerise dans la matinée. Je suis vraiment trop sentimental avec les animaux. Comme je le confessais naguère: "Je m'attache à leur chaleur comme à la chaleur maternelle et quand ils s'en vont, je pleure comme un orphelin." Cerise a quitté ce monde qui lui semblait si immense qu'elle ne savait pas comment le regarder et personne ne pouvait le lui apprendre à la manière des chats. Elle n'avait pour elle que ces grands yeux ronds clairs et magnifiques, livrés à l'enchantement bouleversant de l'Univers. Nous-mêmes, nous n'étions pour elle que des "géants invisibles", dont elle ressentait cependant la présence et les accents de leurs voix, de leurs âmes, comme une source merveilleuse de bonté, de joie, de confiance et de réconfort.
Cerise a disparu ce mercredi 16 juillet après avoir profité de ce cadeau miraculeux d’un mois supplémentaire de vie à Saint Romain, que la Providence a accordé à ce petit animal qui aurait déjà péri s'il avait été abandonné à son sort initial. Je n'ose pas imaginer les circonstances de sa disparition, sans doute quelque prédateur, un drame dans la nuit. Un mois de vie en rab, un rabiot de vie et de bonheur sous un ciel radieux, pensez-vous, cela n'a pas de prix, quelle aubaine, pour un chat, pour un chien, comme pour n'importe quel bougre d’être humain. Alors merci à vous tous d'avoir offert à Cerise ce moment de Paradis sur Terre. Nous le savons, c'est notre secret, notre espoir, notre bonheur: On ne disparaît jamais vraiment du monde et encore moins des jardins du Popey..
Honorius, ce jeudi 17 juillet 2023
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