jeudi 1 février 1990

Alma Mater (2) Le rêve d'éternité

Depuis l’éveil de la Renaissance européenne, l’homme s’est découvert une passion universelle pour l’Italie, dont notre époque contemporaine berce encore voluptueusement ses fantasmes esthétiques. 
Les représentants les plus distingués de l’humanité sont venus y accomplir leur pèlerinage sentimental, pour se régénérer aux sources éternelles de l’art et s’imprégner de la tendre nostalgie de l’âge d’or, dont la lumière semble encore baigner de sa douceur la beauté de ses paysages antiques. 
Il n’est d’ailleurs pas jusqu’au Scytho-Slave des glaises d’Ukraine, Nicolas Gogol, qui n’ait lui aussi, de son temps, succombé aux charmes de cette chère Italie, qu’il désignait comme tant d’autres, comme la véritable patrie de son âme. 
Le besoin d’idéal, qui couve au cœur de l’homme, renferme les résonances lointaines d’un état primitif de l’existence, le rêve apaisant des origines où l’art se confond avec la vie, et la vie avec l’idée du bonheur. Charmante illusion ! 
Quand j’étais enfant, je découvris cette légende qui frappa mon imagination comme le « Commencement » de la Bible : 
« Saturne, le fils du Ciel, descendit un jour du trône du Temps jusqu’au pays du Latium. Là, il fut accueilli par Janus, le premier roi de cette contrée, qui aborda jadis sur ces rivages avec une flotte. 
Saturne instaura sur le Latium le règne de la paix et de la sagesse et enseigna aux hommes tous les bienfaits de la civilisation ». 
Depuis, entre la campagne romaine et les champs phlégréens où me guidèrent mes pas, je l’ai senti errer ce souffle du mythe, ce souvenir élyséen de l’ancienne humanité, qui a mêlé à la terre les couleurs de son rêve d’éternité. 

Honorius/ Les Portes de Janus/1990 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Pour rechercher un article

Formulaire de contact

Nom

E-mail *

Message *

Archives du blog