lundi 15 juillet 1996

Sauve qui peut



Restituer à la lumière éphémère des vivants autant de parcelles possible du trésor de l’ancienne existence, de celle qui est encore là et qui fuit irrémédiablement, sauver tout ce qui peut l’être du désastre irrémédiable de l’oubli, ce néant des hommes et du monde. Célébrer, pleurer les jours, la vie, le tombeau des regrets. 
Car tout aspire, dans les flots sourds et inertes du passé, à renaître à l’autre vie, à accéder, sous la plume, à la petite éternité du mot, comme il peut l’être aussi sous l’instrument à celle de la musique : appels réfractés de la mémoire, effusions d’une réalité échappées au rythme imperceptible du naufrage, visions imparfaites et fulgurantes de l’éparpillement effréné de l’être, charme, beauté, gaîté, ignominie ou terreur, comme Orphée, pouvoir rappeler rien qu’un instant sur les rives du vaste monde, tous ces échos morts, tous ces souffles d’ombres emportés inexorablement dans l’abîme, avant de sombrer à son tour.

Honorius/Les Portes de Janus/juillet 1996

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