J’ai été père relativement sur le tard, à trente-cinq ans, d’un enfant que me donna mon épouse Jocelyne: une petite Clémence qui, pour tout dire, est bien la seule et grande fierté que je tire de la nécessité de mon existence.
Dieu m’est témoin que je n’ai pas été un mauvais père, certes, loin s’en faut. Mais je confesse n’avoir pas été doué des vertus exemplaires d’humilité et de patience que commande l’éducation minutieuse et attentive d’un petit enfant, comme je m’imaginais pourtant qu’un bon père dût en être entièrement capable. Je décerne sur ce chapitre tous les lauriers à mon épouse qui dépensa des trésors extraordinaires de tempérament.
Pour ma part, d’une nature ombrageuse et d’une complexion nerveuse à fleur de peau, je cédai trop souvent à mes emportements et à mes égoïsmes, alors que le sens commun du devoir m’eût exhorté à une plus grande persévérance, à un instinct plus consommé du don de soi.
Hélas, faut-il être pétri de sainteté ou tout simplement animé d’une espèce d’héroïsme domestique pour espérer braver les épreuves d’un tel mérite !
Et puis, j’ai vu Clémence grandir au fil du temps. Elle a été ce petit être protégé auprès duquel je puisais l’énergie de me soutenir moi-même. L’amour a des ressources infinies !
Sur le chemin de l’école et de la vie, j’ai serré sa main dans la mienne, cette petite main qui me procura tant d’espérance et de réconfort. Et son regard d’enfant, cette pure innocence du monde, m’a insufflé le courage d’être et de comprendre.
Clémence aura bientôt douze ans. Et je mesure depuis le jour de sa naissance, le prix du temps qui passe, qui est celui de la vie, « cette vie si courte » comme disait Juvénal, « cette pauvre fleur qui se flétrit si vite ».
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