samedi 11 décembre 2021

Le martyre du Mont Popey

Le calme est devenu bien rare dans nos campagnes. A se demander s'il est encore un endroit habitable épargné par le tintamarre et la grouillerie! L'homme ordinaire contemporain, dépossédé du sens spirituel de l'être et de la nature, voue une espèce de haine instinctive pour le calme et le silence car elle le place devant le vide de sa vie intérieure. Aujourd'hui samedi 11 décembre 2021, par exemple, une escouade de motos "tout terrain" et de quads s'est acharnée une nouvelle fois, pendant des heures, à décaisser l'humus du Mont Popey. C'en était à un point que l'on ressentait avec effroi, sous le ronflement hystérique des moteurs, gémir le martyre de la terre, avec ses talus éventrés, ses sous-bois et ses prairies lacérés, ses sentiers défoncés. Les engins se sont acharnés encore et encore, comme le feraient des assassins d'innocence et des violeurs de virginité. Et la terre, meurtrie dans sa chair, souillée dans son âme, appelait à l'aide! Accablé du sentiment à la fois exaspéré et vergogneux d’impuissance, les poings et les mâchoires serrées, personne n'osait ou n'imaginait devoir répondre à cet appel désespéré contre la force brutale, la violence grégaire du barbare. Que faire en effet, surtout quand on a le sang chaud et que l'on se pique de surcroît d'amour philosophique, que l'on ne puisse regretter comme un acte dégradant de colère? Hélas, ces barbares mondialisés qui se livrent à ce genre de crime sont à l'image de nos sociétés, toujours prêtes à perpétrer ou à laisser perpétrer, par indifférence, stupidité ou cupidité, ce qui est tout un dans les conséquences, de plus grands crimes encore contre la terre. Le crime est une infraction à la conscience morale, c'est ce que l'on nommait jadis un sacrilège, le viol du sacré. Et la Terre est sacrée, le Monde est sacré, le vivant est sacré. Il n'y a pas de petit crime lorsqu'on calomnie la terre et le vivant et cela commence par celui de la beauferie ordinaire.

Ce monde "post-COP 26" , qui n'a guère à en remontrer aux précédents, est toujours aussi incapable d'imaginer, de penser et surtout d'agir différemment. Les beaufs qui saccagent le Mont Popey et toute la magie, toute la beauté unique de cette Terre, traînant derrière eux le bruit, la laideur, la vulgarité, c'est-à-dire tout leur vide ontologique, sont les mêmes depuis des décennies. Ils croissent et se multiplient au fur et à mesure que le monde autour de nous meurt. Et il n'y a plus nulle part où les fuir.

Honorius/ Les Portes de Janus/ 11 décembre 2021

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