mardi 13 décembre 2022

N'humilions pas les bourreaux


Alors que le monde stupéfait et sidéré découvrait l'étendue de la barbarie la plus sauvage et aveugle s'abattre sur l'Ukraine, la terreur des bombardements, l'horreur des tueries de masse perpétrées par l'armée russe de Poutine, l'atrocité des exécutions sommaires, des viols, des tortures, des déportations, il a fallu qu'un foutriquet nommé Macron, proclame, une, deux et même une troisième fois, sans aucune vergogne, qu'"Il ne faut surtout pas humilier les Russes". Et encore récemment, au lendemain des destructions de dizaines de villes, des bombardements incessants sur les populations civiles et sur les installations énergétiques au coeur de l'hiver, il faut encore entendre ce même foutriquet proclamer qu'"'Il faut donner aux Russes des garanties de sécurité". Et d'évoquer, pour justifier cette jactance hallucinante, les conséquences du traité de Versailles de 1919: à trop vouloir humilier l'Allemagne, les vainqueurs ont semé les germes des désastres à venir, ce qui historiquement n'est pas faux, mais complétement à contretemps. En effet, si j'étais le conseiller, à Dieu ne plaise, du jeune monarque, je lui soufflerais la chose suivante: Ce n'est pas dans la bataille que l'on doit ménager la susceptibilité de l'ennemi, surtout un ennemi aussi abominable. Bien au contraire, il faut y jeter toutes ses forces jusqu'à son anéantissement ou sa reddition sans condition. En revanche c'est au moment du traité de paix, au moment où les armes se sont tues, qu'il convient de faire œuvre de vision et de discernement, savoir ménager le peuple du camp agresseur et oppresseur en châtiant durement les tyrans qui l'ont fourvoyé. C'est à cette condition et seulement à ce moment, que les garanties d'une paix durable et acceptable pourront être assurées. Le Macron démontre dans ses propos irréfléchis, lui qui se veut une grande et belle conscience, si ce n'est un manque surprenant de maturité, pour le moins une conception purement technocratique des rapports de force, visiblement inopportune en temps de guerre, comme s'il s'agissait d'arbitrer un différend financier ou commercial entre deux membres chafouins de l'Union Européenne. Soutenir l'Ukraine, cela est juste et bon, c'est même le devoir absolu de la conscience, c'est (et c'est mon âme d'enfant qui parle) soutenir en quelque sorte le combat des Elfes contre les Orques. Mais affecter, peut-être par une trouille sous-jacente, ce qui ressemble à une espèce de considération policée, même prétendument diplomatique, pour le Boche russe, laisse comme la trace d'une souillure. On ne parle pas de respecter la dignité des bourreaux devant l'amoncellement de leurs charniers, et cette guerre ne se réglera pas par un attendu alambiqué de tribunal administratif.
Alors, de quelle inconséquence constitutive provient ce langage de duplicité? Est-ce une simple effronterie présomptueuse, une de ces frivolités arrogantes auquel ce petit marquis nous a si malheureusement habitués? Est-ce une de ces chinoiseries de la posture exaspérante du "en même temps" dont on nous rebat les oreilles depuis plus d'un quinquennat et que la coterie des flagorneurs veut encore nous faire prendre pour une subtilité dialectique, le produit conceptuel d'"un homme d'une rare intelligence", comme ils disent?
Car le hasard faisant bien les choses, je tombe sur un article du Canard Enchaîné intitulé "D'inavouables atomes crochus unissent la France à Poutine" (7 décembre 2022), où l'on apprend que la Russie reste le premier fournisseur de la France, même en pleine guerre, en uranium enrichi pour le fonctionnement de ses centrales nucléaires. De plus, le régime poutinien retraite les déchets d'uranium que lui refourgue le pays des Droits de l'Homme et tout cela à prix cassé. Sachant que toute la politique énergétique de la France est fondée sur l'industrie nucléaire et qu'elle dépend presque entièrement de la Russie pour la fourniture de l'uranium enrichi, on comprend les contorsions langagières du foutriquet. Le traité de Versailles, dans cette affaire, est l'arbre qui cache trop bien, ou trop mal, la forêt.

Honorius/ Le 13 décembre 2022


Note:
Foutriquet: substantif masculin dérivé de "foutre" employé dès le milieu du 19ème siècle en politique et en littérature pour désigner un incapable ou un individu dont on fait peu de cas. Il fut le sobriquet donné à Adolphe Thiers, le boucher de la Commune. Employé récemment par Michel Onfray pour désigner le personnage de Macron, en référence à la réponse à la fois stupide et cynique qu'il fit à un journaliste, à propos de la Commune: « Versailles, c’est là où la République s’était retranchée quand elle était menacée ».

Je reprends à mon compte ce sobriquet de "foutriquet" pour désigner le personnage de Macron (Le "Versaillais" affichant son mépris de classe contre l'idéal de république sociale de la Commune), en cela qu'il est un compromis  aussi pertinent que savoureux entre "freluquet", désignant un jeune prétentieux et "jean-foutre", qui se dit aussi bien d'un hypocrite, d'un menteur, d'un réactionnaire, d'un fumiste et d'un homme sans parole. Un adepte du "foutage de gueule" en quelque sorte.

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