vendredi 27 mars 2020

Repenser le Monde

L'édition de "Courrier International" du 26 mars 2020 regroupe plusieurs articles de la presse française et étrangère sur le thème: "Repenser le monde: Et si la crise du coronavirus était l'occasion d'un nouveau départ? Philosophes, poètes, journalistes étrangers, ils veulent y croire".
Et de s'interroger: "Notre "nouveau monde", celui du coronavirus, a tout pour nous effrayer. Mais si à terme, nous sortions grandis de cette crise? Davantage de solidarité, une mondialisation repensée, un autre rapport à la nature, une occasion de renaître au monde".
Certes, nous voulons tous (ou presque) y croire, mais le scénario risque d'être sévère lorsque l'humanité et son système se relèveront de la pandémie. La civilisation est paralysée depuis plusieurs semaines, l'activité économique s'effondre, des milliards d'êtres humains sont astreints au confinement et à l'inactivité dans des mégapoles fantômes, les hôpitaux sont débordés, les personnels de santé épuisés et déjà décimés, des montagnes de cadavres s'accumulent dans les morgues, l'angoisse s'empare de nos vies, la peur de la mort peuple nos journées et nos cauchemars de vieilles danses macabres. Le monde est sidéré. Derrière les discours unificateurs et compatissants de nos gouvernants pointent déjà les invocations à la reprise économique. Et quelle reprise! Les oligarchies reprendront fermement la main n'en doutons pas, et de ce point de vue, il faut plutôt s'attendre au retour au grand galop de tous les réflexes et les obsessions de l'ancien monde, dans une réaction ultralibérale des plus violentes. Croyez-vous que la nécessité de repenser le fonctionnement de nos vies et le fondement de nos rapports au monde pour l'avènement d'une démocratie sociale, solidaire et écologique soit l'évidence qui sautera aux yeux de ceux qui mènent la danse, qui possèdent, méprisent,  oppriment, détruisent et portent collectivement une part énorme de responsabilité dans cette catastrophe depuis longtemps annoncée?

Le réveil risque donc d'être brutal, la confrontation exaspérée. Car ceux qui auront tenu à flot notre société vacillante, ce ne sont pas les "premiers de cordée", si chers à la théorie libérale du "ruissellement", ceux qui se gavent de parts de marché et de dividendes au prix de l'effondrement du patrimoine commun de l'humanité. C'est bien le peuple des simples qui combat en première ligne pour sa modeste subsistance, ceux que l'on vit naguère rallier en nombre la bannière des "gilets jaunes" et que les institutions et le pouvoir politique ont meurtris de répression et couverts de mépris.  Ce peuple éternellement malmené sera encore voué à d'autres tables de Procuste. Mais la résistance à la réaction promet d'être de taille. Le climat de contestation sociale, extrêmement tendu depuis quelques années, s'enflera et se radicalisera à un point rarement vu. Attention au retour de flamme! S'y rallieront les consciences bouillonnantes de l'altermondialisme et de l'urgence écologique, qui forment aujourd'hui des foules immenses. Ce combat sera planétaire. Il sera la mère de toutes les batailles pour une nouvelle ère de paix et de fraternité où nous devront réapprendre à vivre.
La plupart s'accordent en effet à prophétiser, à espérer que l'issue du drame en cours redistribuera les cartes du système mondial dans un sursaut salutaire. Mettre un terme à la destruction et à la pollution de cette pauvre planète, sauver les ressources du vivant, arrêter le crime de la déforestation, (qui fait le lit de multiples virus redoutables, on en voit l'effet aujourd'hui), préserver les terres agricoles, remettre profondément en cause nos modes de production, de consommation et d'échanges, bannir les tares et les excès de nos comportements, afin de renouer avec un monde vivable, et un avenir durable.
Il faudra en dire un mot aux Joyet, aux Peylachon, aux Verchère du canton et à leurs clients, qui n'ont d'yeux que pour leurs projets géants de béton et de camions, comme celui de la SMADEOR, tout ce ce qu'il y a de pire dans notre univers au bord de l'asphyxie et de la ruine. Je ne sais pas comment leur conscience sortira du bouleversement en cours. L'évidence criante du péril les ramènera-t-elle enfin à résipiscence? Pauvres de nous, ces pépites de la politique "citoyenne" viennent juste d'être réélus le 15 mars dernier,  pour en rajouter une couche.
En voilà certainement que le fléau du coronavirus et le spectre de la fin des temps ne dessillera pas d'un poil!

Honorius 27 mars 2020

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