La colline de l'Ouest (le Mont Popey) le 12 avril 2020 |
Henri Bosco, dans "L'Âne Culotte", nous conte l'histoire de cet aventurier, Monsieur Cyprien, ayant découvert forfuitement, à bord de son brick, une île paradisiaque, dans les "colonies", mais qu'il dut fuir bientôt devant la ruine causée par l'homme blanc. Il tenta plus tard d'en recréer les jardins d'abondance, dans la montagne provençale, près du village de Peïrouré, où il retrouva l'abbé Chichambre, auquel il avait jadis confié son secret.
Monsieur Cyprien: "Monsieur l'abbé, j'ai découvert le Paradis terrestre..." Je vous étonne, Monsieur l'abbé et vous devez me prendre pour un fou. ..Et bien non, je ne suis pas un fou! et cette découverte je l'ai faite. Vous ne me croyez pas, dit-il. Après tout, je ne puis guère vous en vouloir, c'est naturel. Et bien si, au cours d'une tournée, vous dénichez (et ce sera bougrement difficile) plus loin que l'archipel de K..., plein sud, à 800 miles, un îlot qui n'a pas de nom, parce que personne, du moins que je sache, sauf moi, n'y a jeté l'ancre, c'est là. Vous m'y trouverez. Adieu! (...)
Monsieur Cyprien: "Monsieur l'abbé, j'ai découvert le Paradis terrestre..." Je vous étonne, Monsieur l'abbé et vous devez me prendre pour un fou. ..Et bien non, je ne suis pas un fou! et cette découverte je l'ai faite. Vous ne me croyez pas, dit-il. Après tout, je ne puis guère vous en vouloir, c'est naturel. Et bien si, au cours d'une tournée, vous dénichez (et ce sera bougrement difficile) plus loin que l'archipel de K..., plein sud, à 800 miles, un îlot qui n'a pas de nom, parce que personne, du moins que je sache, sauf moi, n'y a jeté l'ancre, c'est là. Vous m'y trouverez. Adieu! (...)
L'abbé Chichambre: "Je n'ai jamais déniché l'îlot et par conséquent, je ne connais pas le Paradis terrestre. Mais cinq ans plus tard, j'ai retrouvé l'homme... Je faisais en effet une tournée dans l'archipel K...On vint m'avertir à bord qu'un blanc, malade, dans une case d'indigènes, désirait me voir. J'y allai. Je n'eus pas de peine à reconnaître mon étrange visiteur: une fois qu'on a vu sa figure, on ne l'oublie pas. Une crise de fièvre le faisait un peu délirer par moments.. Il ne me laissa pas le temps de parler; tout de suite il me rappela notre entrevue:
-Ah le Paradis! m'écriai-je.
-Le Paradis! Il n'existe plus, me dit-il. Les blancs y ont finalement abordé. Tout y est mort, et j'ai dû m'enfuir, moi aussi, mais je le garde en moi, ce Paradis, j'en conserve la force, j'en connais le secret, j'emporte le pouvoir de le faire renaître, partout où je le voudrai, même là-bas, en Occident, dans les jardins barbares"
La civilisation imposée par l'homme blanc, malgré des siècles de christianisme, de culture humaniste et de philosophie des Lumières, autant dire des siècles de cupidité, d'hypocrisie, de dévoiement et d'infâmie, a semé partout les germes de la destruction et de la mort. La Nature meurtrie ne supporte plus les souffrances, les désolations infligées par ses transgressions et ses forfaitures et nous le fait savoir aujourd'hui par le coronavirus.
Comme Monsieur Cyprien, chacun de nous devra réapprendre à mieux être au monde, à réinventer en quelque sorte le Paradis terrestre, sa "Campania Felix", pour la part dont il doit être digne dans cette existence, renouer les liens primordiaux avec la terre nourricière, réinventer de nouvelles alliances avec le vivant, de nouvelles solidarités avec ses semblables. Ainsi, cultiver avec amour et patience de nouveaux jardins, respecter et aimer les animaux, partager les offrandes de la terre avec notre prochain, comprendre enfin que le bonheur d'exister, délestée des vieilles chimères mortifères et de tant de choses ou de passions inutiles, est à notre portée de main, telle est est l'horizon qui nous attend.
Journal de Monsieur Cyprien:
L'abbé (Chichambre) m'a accompagné un bout de chemin.. Je lui ai dit: On ne s'étonne pas assez de vivre.
Il m'a répondu: Vous avez raison, et le plus étrange, c'est qu'on s'étonne ensuite de mourir.(...)
Au moment de nous séparer, l'abbé m'a dit:
- Soyez heureux, et contentez-vous du bonheur...
Notre petite communauté de Carnoux vit heureusement dans des jardins de paix et nous mesurons aujourd'hui l'importance vitale d'en cultiver harmonieusement les ressources, de pourvoir, grâce aux dons que la Terre pourra nous prodiguer, à toutes les nécessités mais aussi tous les agréments d'une vie simple et frugale, la seule qui vaille aujourd'hui face à l'effondrement causé par tant d'excès cumulés d'ignorance, de cynisme et de crimes.
Aux animaux qui partagent notre terre, dans les prairies, les bois et nos jardins ici-bas nous leur devons toute notre attention et notre amitié. Ils accompagnent et soutiennent notre propre existence.
Monsieur Cyprien nous le rappelle avec ses mots: "Il faut être simple. Les bêtes ne s'effarouchent pas au contact de ceux qui sont simples. j'ai fait alliance avec les règnes de la Terre: la pierre, la plante, l'animal"
Nous avons tous une pensée pour Chaman, le chien de Céline et Albert, qui a quitté les jardins de Carnoux ce jeudi dernier 9 avril. Il a vécu la meilleure vie de chien qui soit parmi ses amis humains. Céline et Albert l'ont accompagné aux portes de son dernier voyage jusqu'à la colline de l'Ouest, la région de l'Ouest étant depuis l'Antiquité le royaume des défunts. Compagnon d'Azya, il avait cette délicatesse qui en remontrerait à plus d'un humain mal dégrossi, de lui céder son couffin lorsqu'elle venait rendre sa visite du jour.
Chaman a quitté le Paradis terrestre pour rejoindre une autre Terre Promise, le Paradis des chiens et de tous les êtres de la Création, celui que, selon l'abbé Chichambre, "l'on ne trouvera qu'au Ciel".
Honorius /Les Portes de Janus/ le 13 avril 2020
Notre petite communauté de Carnoux vit heureusement dans des jardins de paix et nous mesurons aujourd'hui l'importance vitale d'en cultiver harmonieusement les ressources, de pourvoir, grâce aux dons que la Terre pourra nous prodiguer, à toutes les nécessités mais aussi tous les agréments d'une vie simple et frugale, la seule qui vaille aujourd'hui face à l'effondrement causé par tant d'excès cumulés d'ignorance, de cynisme et de crimes.
Aux animaux qui partagent notre terre, dans les prairies, les bois et nos jardins ici-bas nous leur devons toute notre attention et notre amitié. Ils accompagnent et soutiennent notre propre existence.
Monsieur Cyprien nous le rappelle avec ses mots: "Il faut être simple. Les bêtes ne s'effarouchent pas au contact de ceux qui sont simples. j'ai fait alliance avec les règnes de la Terre: la pierre, la plante, l'animal"
Nous avons tous une pensée pour Chaman, le chien de Céline et Albert, qui a quitté les jardins de Carnoux ce jeudi dernier 9 avril. Il a vécu la meilleure vie de chien qui soit parmi ses amis humains. Céline et Albert l'ont accompagné aux portes de son dernier voyage jusqu'à la colline de l'Ouest, la région de l'Ouest étant depuis l'Antiquité le royaume des défunts. Compagnon d'Azya, il avait cette délicatesse qui en remontrerait à plus d'un humain mal dégrossi, de lui céder son couffin lorsqu'elle venait rendre sa visite du jour.
Chaman a quitté le Paradis terrestre pour rejoindre une autre Terre Promise, le Paradis des chiens et de tous les êtres de la Création, celui que, selon l'abbé Chichambre, "l'on ne trouvera qu'au Ciel".
Honorius /Les Portes de Janus/ le 13 avril 2020
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