lundi 28 décembre 2020

Qui sont-ils?

Oui, qui sont-ils? Je ne sais si on gagnerait à s'en faire des fréquentations, encore moins des recommandations. Ce sont ceux qui prétendent conduire nos vies par leurs grands projets et leurs grandes visions et tous ceux qui, par persuasion ou crédulité, croient devoir les suivre, asservir leur conception du monde à la leur et se fier en toutes circonstances à leur science du présent et de l'avenir. Leur conception du monde, les faits pourtant la dénoncent aujourd'hui avec la plus grande véhémence. C'est celle de l'"homo anticus", l'élu et le messager de Dieu, le pourvoyeur de syphilis et de vérole, le prophète exalté qui ruina la Création de ses missions d'évangélisation et de défrichement et dont les vieilles idéologies dévoyées du progrès et de la croissance précipitent aujourd'hui le monde dans le chaos et la stupeur. Les premiers doivent leur prospérité au suffrage des seconds, les seconds doivent leur reconnaissance à la brigue des premiers. C'est comme un cercle congénital où tout le monde a des airs de famille, où rien ne change et où surtout rien ne saurait changer, comme la vieille tapisserie de chez grand-mère que l'on a toujours vue dans le vieux salon avec la photo de mariage. Ils se reconduisent et se dupliquent ainsi mutuellement, pour ainsi dire sans fin, et si ce ne sont plus eux, ce sont leurs créatures. Les jeunes y ressemblent aux vieux, dans une sorte de perpétuelle routine, jusqu'à produire un type ontologique de pensée dominante qui finit par s'aveugler elle-même de ses propres entêtements et de ses propres mensonges. Or, un mensonge (c'est-à-dire une lubie) qui s'entête peut virer aux pires désolations et aux pires cauchemars. Car la particularité de la pensée dominante, c'est qu'elle est aussi l'influence dominante qui façonne le monde à son image et le corrompt de ses tares.  Elle peine en effet à évoluer avec les progrès de la conscience, ne peut un instant douter que ses vérités qui lui semblent des évidences ne puissent être régénérées par d'autres évidences et d'autres vérités. Elle s'accroche alors, comme la tique du bois s'accroche au cuir de son hôte, aux croyances qui ont fait prétendûment ses anciens succès, c'est-à-dire le plus souvent ses égarements. Ils deviennent ainsi les nouveaux pauvres d'esprit qui s'ignorent et qui ne cessent de s'admirer eux-mêmes, si bien qu'ils continuent d'agir comme devant, dans une sorte de mouvement perpétuel des mauvais instincts et des mauvaises habitudes. Que voulez-vous, ils ont conquis leur légitimité par les urnes, et les urnes contiennent l'expression de tant d'ignorance, de mimétisme, de désespérance ou de misère! Alors que faire? Notre devoir est clair et d'impérieux motifs d'urgence le commandent. Dressons-nous en iconoclastes visionnaires, renversons les anciennes idoles d'infamie. Nous n'en aurions d'ailleurs pas si grand mérite tant le socle vermoulu ne demande plus pour ce faire qu'une dernière chiquenaude. Rassemblons-nous en l'esprit sain et ruinons l'influence pernicieuse de l'"homo anticus". Préservons-nous une bonne fois pour toutes des vapeurs pestilentielles et des névroses d'un autre âge qu'il répand sur le monde, en dépit des lunes qui tournent et des murs qui s'effondrent.

Honorius/ Les Portes de Janus/ le 27 décembre 2020

Ya bon Smadeor:
Quelques spécimens cantonaux des plus pernicieux d'"homo anticus":






samedi 26 décembre 2020

Réveille-toi!

Nous approchons un nouveau terme de notre représentation du temps. Dans quelques jours, nous aurons doublé le cap de cette "annus horribilis" 2020, une année au cours de laquelle la pandémie du coronavirus, qui a un instant questionné les certitudes sans avenir de l'humanité, n'a pourtant pas suffi à les ébranler. Nous continuerons encore et encore à produire les mêmes causes provoquant toujours les mêmes effets dans l'immuable logique du pire. C'est malheureusement l'enseignement sans profit que nous pouvons tirer de cette détestable expérience. L'avertissement a pourtant été clair. Mais l'être humain, dans sa dynamique collective, est aussi entêté qu'un bernique accroché à son rocher. Alors on finit, là encore, par baisser les bras et à relire pour se consoler ses bons vieux classiques.

La neige et le froid ont investi la campagne et les mangeoires du jardin ont été remplies de graines par ma main pourvoyeuse. Je perçois des froissements d'ailes dans les branchages où, dans un ballet savant de préséance cauteleuse et d'opportunisme, les mésanges et les rouges-gorges viennent discrétement profiter de l'aubaine jusqu'au soir.
Et toi, mon amie fidèle, tu dors depuis si longtemps. N'as-tu pas fait le plein de sommeil dans la nuit infinie où suinte ta couche froide? N'es-tu pas encore rassasiée du miel insipide du Néant? Oh vienne enfin pour toi l'heure de tressaillir au jour comme une chrysalide, de t'ébrouer des scories de l'ombre et de la poussière, d'en finir avec la mort pour rejaillir dans la nouvelle lumière où je t'attends! As-tu ce pouvoir, toi qui es unie pour l'éternité à l'essence même de l'Esprit? Oh, reprendre le cours de nos escapades sous les splendeurs du soleil, humer éperdument l'azur, nous enivrer des embruns du vent et des nuits étoilées, boire l'amour et la confiance dans les yeux l'un de l'autre, n'est-ce donc pas cela que nous désirons si fort toi et moi? Mais ta sépulture est morne et roide comme cette terre de décembre. Et ma solitude est aussi morne elle aussi que le destin sans joie de l'humanité. Pourtant chaque jour que je respire sur cette terre j'implore la force de l'Esprit qui a créé tous les miracles de la vie et ne peux m'empêcher de vouloir le plus improbable d'entre eux: "Azya, réveille toi!".

Honorius/ Les Portes de Janus/ le 26 décembre 2020





lundi 21 décembre 2020

La pensée

Qu'est-ce-que la pensée? Je cherche un instant et je réponds: Les états successifs de la conscience. Qu'est-ce-que la conscience alors? Je réponds presque aussitôt: La perception que l'individu a de soi-même et de son environnement et des rapports qui les unissent. Et donc? Si l'on considère, par ailleurs, que le verbe penser provient d'un mot latin signifiant "soupeser ou juger", j'en déduis que la pensée est l'activité de la conscience analysant les objets de sa représentation, leur attribuant une valeur, une priorité dans l'échelle des besoins et des nécessités de l'existence. Ces objets sont d'abord ceux de l'environnement physique bien sûr, celui que le sujet perçoit directement, des objets concrets; Ces derniers se signalent également par la marque mentale laissée par leur perception initiale, c'est-à-dire leur mémoire. C'est la mémoire de ces représentations, que l'on pourrait considérer comme le principe de l'idée, laquelle constitue l'amorce du mécanisme de la pensée. L'idée ne serait donc autre chose que cette marque mentale laissée par la perception du réel, c'est à dire à proprement parler une abstraction du réel. La pensée est donc une suite de représentations de ces idées liées entre elles par des associations mentales commandées par la volonté du sujet pensant.

vendredi 18 décembre 2020

Le mot juste

Jean de La Bruyère (1645-1696)

Nous trouvons chez Jean de La Bruyère la maxime suivante: "Il ne faut pas qu'il y ait trop d'imagination dans nos conversations ni dans nos écrits; elle ne produit souvent que des idées vaines et puériles, qui ne servent point à perfectionner le goût, et nous rendre meilleurs: nos pensées doivent être prises dans le bon sens et la droite raison, et doivent être un reflet de notre jugement". (Les Caractères/ De la société et de la conversation/17)

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