lundi 21 décembre 2020

La pensée

Qu'est-ce-que la pensée? Je cherche un instant et je réponds: Les états successifs de la conscience. Qu'est-ce-que la conscience alors? Je réponds presque aussitôt: La perception que l'individu a de soi-même et de son environnement et des rapports qui les unissent. Et donc? Si l'on considère, par ailleurs, que le verbe penser provient d'un mot latin signifiant "soupeser ou juger", j'en déduis que la pensée est l'activité de la conscience analysant les objets de sa représentation, leur attribuant une valeur, une priorité dans l'échelle des besoins et des nécessités de l'existence. Ces objets sont d'abord ceux de l'environnement physique bien sûr, celui que le sujet perçoit directement, des objets concrets; Ces derniers se signalent également par la marque mentale laissée par leur perception initiale, c'est-à-dire leur mémoire. C'est la mémoire de ces représentations, que l'on pourrait considérer comme le principe de l'idée, laquelle constitue l'amorce du mécanisme de la pensée. L'idée ne serait donc autre chose que cette marque mentale laissée par la perception du réel, c'est à dire à proprement parler une abstraction du réel. La pensée est donc une suite de représentations de ces idées liées entre elles par des associations mentales commandées par la volonté du sujet pensant.
Il n'y a pas d'autre pensée, en tant que mécanisme ou processus mental, qu'une pensée abstraite. Elle est abstraite par nature. Ce que l'on nomme, d'un point de vue psychologique, pensée abstraite c'est la représentation non pas d'objets physiques ou concrets, mais de concepts. Le concept est une représentation générale du réel, une sorte d'invention, en quelque sorte l'idée de idée, que le sujet pensant extrait de l'objet particulier pour le projeter dans la dimension de la catégorie et le comparer avec une autre catégorie et ainsi de suite.
Tout cela est très bien, mais il manque quelque chose dans cette démonstration. Quel est en effet le principe qui guide, qui stimule le mouvement de la pensée dans l'organe cérébral, siège de l'activité mentale? J'ai employé il y a un instant le terme de volonté. Nous sommes donc au coeur du sujet. La pensée est la manifestation d'une volonté, nous pourrions dire d'une énergie, j'irai jusqu'à suggérer d'une force spirituelle. L'univers est cette force en mouvement, un élan perpétuel qui se manifeste aussi bien à travers les dimensions infinies du cosmos, dans la course des astres, le souffle du vide et le flux des nébuleuses, que dans celle de la moindre parcelle vivante, et même dans les beautés de ce monde. Une force qui se nourrit et s'accroît sans cesse de sa propre énergie, et qui se crée perpétuellement elle-même. Nous la devinons dans la germination et le développement de chaque brin d'herbe, dans l'apparition et le renouvellement de chaque être vivant, dans le déterminisme irrésistible de la matière. C'est cette même force qui s'empare de notre corps, lui imprime l'impulsion du devenir, l'instinct de la perpétuation pour aller toujours de l'avant, cette même force qui prend gîte dans notre cerveau, qui y anime le principe de la pensée jusqu'à y répandre les intuitions de son propre pouvoir.
Si la mort est la disparition de la forme temporaire, l'esprit qui en fut l'hôte gagnera d'autres enveloppes où son énergie cherchera à y perfectionner sa puissance. Montaigne ne disait-il pas en son temps: "La défaillance d'une vie ouvre le passage à mille autres existences"?

Honorius/Les Portes de Janus/le 20 décembre 2020





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