Oui, qui sont-ils? Je ne sais si on gagnerait à s'en faire des fréquentations, encore moins des recommandations. Ce sont ceux qui prétendent conduire nos vies par leurs grands projets et leurs grandes visions et tous ceux qui, par persuasion ou crédulité, croient devoir les suivre, asservir leur conception du monde à la leur et se fier en toutes circonstances à leur science du présent et de l'avenir. Leur conception du monde, les faits pourtant la dénoncent aujourd'hui avec la plus grande véhémence. C'est celle de l'"homo anticus", l'élu et le messager de Dieu, le pourvoyeur de syphilis et de vérole, le prophète exalté qui ruina la Création de ses missions d'évangélisation et de défrichement et dont les vieilles idéologies dévoyées du progrès et de la croissance précipitent aujourd'hui le monde dans le chaos et la stupeur. Les premiers doivent leur prospérité au suffrage des seconds, les seconds doivent leur reconnaissance à la brigue des premiers. C'est comme un cercle congénital où tout le monde a des airs de famille, où rien ne change et où surtout rien ne saurait changer, comme la vieille tapisserie de chez grand-mère que l'on a toujours vue dans le vieux salon avec la photo de mariage. Ils se reconduisent et se dupliquent ainsi mutuellement, pour ainsi dire sans fin, et si ce ne sont plus eux, ce sont leurs créatures. Les jeunes y ressemblent aux vieux, dans une sorte de perpétuelle routine, jusqu'à produire un type ontologique de pensée dominante qui finit par s'aveugler elle-même de ses propres entêtements et de ses propres mensonges. Or, un mensonge (c'est-à-dire une lubie) qui s'entête peut virer aux pires désolations et aux pires cauchemars. Car la particularité de la pensée dominante, c'est qu'elle est aussi l'influence dominante qui façonne le monde à son image et le corrompt de ses tares. Elle peine en effet à évoluer avec les progrès de la conscience, ne peut un instant douter que ses vérités qui lui semblent des évidences ne puissent être régénérées par d'autres évidences et d'autres vérités. Elle s'accroche alors, comme la tique du bois s'accroche au cuir de son hôte, aux croyances qui ont fait prétendûment ses anciens succès, c'est-à-dire le plus souvent ses égarements. Ils deviennent ainsi les nouveaux pauvres d'esprit qui s'ignorent et qui ne cessent de s'admirer eux-mêmes, si bien qu'ils continuent d'agir comme devant, dans une sorte de mouvement perpétuel des mauvais instincts et des mauvaises habitudes. Que voulez-vous, ils ont conquis leur légitimité par les urnes, et les urnes contiennent l'expression de tant d'ignorance, de mimétisme, de désespérance ou de misère! Alors que faire? Notre devoir est clair et d'impérieux motifs d'urgence le commandent. Dressons-nous en iconoclastes visionnaires, renversons les anciennes idoles d'infamie. Nous n'en aurions d'ailleurs pas si grand mérite tant le socle vermoulu ne demande plus pour ce faire qu'une dernière chiquenaude. Rassemblons-nous en l'esprit sain et ruinons l'influence pernicieuse de l'"homo anticus". Préservons-nous une bonne fois pour toutes des vapeurs pestilentielles et des névroses d'un autre âge qu'il répand sur le monde, en dépit des lunes qui tournent et des murs qui s'effondrent.
Honorius/ Les Portes de Janus/ le 27 décembre 2020
Ya bon Smadeor:
Quelques spécimens cantonaux des plus pernicieux d'"homo anticus":
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