Tous les Macrons et les Le Maire
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Les Macron et les Le Maire |
Après des successions d'hivers sans froidure et sans neige, cela revient maintenant chaque année: Une chaleur accablante, une terre desséchée, des bancs de sable et de gravier pour rivières, une végétation réduite à l'état de paillasson quand elle n'est pas réduite en cendres par la multiplication des incendies dévastateurs, oui, chez nous ici en "doulce" France. Et que dire de nos villes, de leurs déserts d'asphalte en fusion, de leurs fournaises implacables où les existences humaines suffocantes se traînent piteusement comme des âmes en purgatoire. Et que dire dans le même temps de la souffrance du monde animal, que nous avons broyé et méprisé comme nous avons déchu le reste de la Création, de ces êtres affolés qui tentent de survivre au pire dans les landes brûlées par notre inconséquence et qu'une gueuserie en armes traquera encore jusqu'au dernier lambeau, au nom du loisir sacré et de la sainte tradition. Que dire de ceux que l'on confine en masse dans ce brasier lamentable des jours et que l'on transporte entassées dans les convois de suppliciés jusqu'aux chaînes d'exécution, abondant de leur calvaire les haut-le-coeur de la gabegie mondialisée. Oui, que dire de toute la stupeur et de la détresse de ce monde agonisant? Et ce n'est pas tout car l'automne viendra ensuite avec ses déluges et ses inondations, ses vallées dévastées et ses gymnases emplis de réfugiés météorologiques. La communauté scientifique nous alerte depuis des lustres que la planète court au désastre, que les activités humaines et leur emprise néfaste sur l'environnement sont la cause du changement climatique, de l'effondrement écologique, de l'extinction de la vie sauvage et des bouleversements mondiaux. Depuis des lustres ces Cassandre nous représentent sans relâche que notre humanité de bourreaux exécute aveuglément, jour après jour, les basses oeuvres de son propre châtiment, que sans un sursaut dans la voie de la transition écologique, elle sombrera définitivement dans la géhenne et le chaos, que la prophétie, à force d'être ressassée, est devenue tellement inaudible!
Mais la sagesse de nos guides, Dieu merci, veille: Par exemple, nous avons chez nous en France, un Président, un jeune banquier hâbleur et suffisant, un parvenu sans scrupule comme le sont tous les gros banquiers, un dénommé Macron, qui se voit comme une grande conscience, nous disant en substance: "Les innovations technologiques (forcément très ambitieuses) permettront de lutter contre les conséquences du changement climatique sans remettre en cause le modèle de notre croissance économique". Ouf, voilà les actionnaires définitivement rassurés! N'est-ce pas ce même Macron qui a déclaré quelques mois auparavant, au lendemain de sa réélection: "Ce nouveau quinquennat sera écologique ou ne sera pas!" Nous avons décidément le grand homme qu'il nous faut. Nous avons encore un Bruno Le Maire, un crâne d'oeuf ambitieux en costard impeccable, qu'on nous présente comme le nouveau Colbert et qui rêve de prendre la place du premier. Un financier, me direz-vous, n'a pas vocation de se préoccuper d'écologie, mais la prééminence de sa position donne le cap. Car, à mille lieux de la transition écologique, cette lumière dans la nuit nous indique que notre pays renouera avec la croissance économique dès que les Français auront repris leurs habitudes de consommation, qui étaient celles d'avant la crise du Covid pendant laquelle leur épargne a grossi de 42 milliards d'euros. La voilà donc la priorité des priorités, la croissance, encore la croissance, consommer, consommer et relancer plein pot la machine à Co2. Et le reste de la basse-cour de se rengorger à l'avenant. Partout en effet nous entendons, effarés, le même discours chancelant, continuellement ressorti des cartons jaunis, la rhétorique élimée des élites du pouvoir et de l'argent, repris en choeur par leurs relais institutionnels et leurs clientèles ahuries. La transition écologique ne doit pas nous conduire à une société arriérée d'Amisch ou de Cro-Magnon. Pensez-vous, renoncer à la compétitivité, renoncer à nos profits et à nos dividendes, à la prospérité ruisselante, cela est tout bonnement inconcevable. La seule transition écologique acceptable est celle qui s'en tient à la bonne conscience apparente, qui ne contrarie pas fondamentalement la dynamique de la croissance, et qui, grâce aux ressources du subterfuge et aux manoeuvres du stratagème, nous donnera l'assurance que tout peut continuer comme avant, sans plus en perdre une miette. Tout s'achète et tout se corrompt, même les meilleures intentions.
Pour cela, sachons jouer habilement de la sémantique du parfait écolo, en habiller les fausses résolutions, les effets d'annonce, les quiproquos, tout en alimentant en sous-main les mêmes causes qui, même si elles produisent les mêmes effets, nous garantiront au moins encore un temps les bénéfices du CAC 40 et des belles courbes ascendantes du PIB.
Mais tout cela est sans compter sur le caractère têtu des faits: Nous touchons déjà le dur et les événements se précipitent inexorablement. Que pourra le cynisme de la rhétorique et du marketing politique contre le déchaînement des éléments? Bientôt, tous les Macrons et Le Maire du monde, ces histrions balbutiants et inaudibles, à défaut d'être emportés par la fonte des glaciers, seront violemment démentis par la réalité qu'ils ont sans cesse niée, incapables qu'ils auront toujours été de remettre en cause leur vision inique et périmée du monde. Ils quitteront un jour la scène pour l'obscurité, discrédités par leurs errements et leurs mensonges. En d'autres circonstances nous aurions pu hausser les épaules en ironisant comme nos anciens moralistes: Rira bien qui rira le dernier! Mais qui sera encore demain en état de rire?
Honorius/ Le 6 août 2022
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