mercredi 18 décembre 2019

SMADEOR, J'ABHORRE!

SMADEOR!
Cela pourrait être le nom d'un monstre du Jurassique. Ce n'est pas tout-à-fait cela mais à vrai dire ça y ressemble! Un établissement public, autant dire un machin, dont le siège se situe à Tarare, dans le Rhône, (Syndicat Mixte d’études d’aménagement et de développement économique de l’Ouest rhodanien)  et s'étant donné notamment pour mission, autant dire pour apostolat, d'aménager un vaste espace naturel et agricole situé aux confins des communes de Saint-Romain-de-Popey, Bully, Sarcey et Les Olmes en vue d'y accueillir sur plusieurs dizaines d'hectares une immense zone d'activité.
Cette zone est délimitée par la Nationale 7 et l'Autoroute A89, qui balafre allègrement le paysage depuis quelques années, et dont l'accès est destiné à la desservir. Je ne suis pas un technicien du dossier, mais je peux dire que la société SMAD (fabricant d'appareils de dialyse), dont l'unité de fabrication se situe dans la zone d'activité de la Ponchonnière, à quelques kilomètres plus en aval, près de L'Arbresle, est déjà assurée d'y installer un entrepôt de stockage et la Sté ID Logistique, ("Un groupe qui repose sur des valeurs fortes"), géant des plates-formes de stockage robotisées travaillant pour la grande distribution, est pressentie pour y jeter également son dévolu. D'autres encore, comme l'usine Gerflor, actuellement implantée dans une Zac à l'entrée de Tarare, souhaiteraient y déménager pour y avoir une meilleure vitrine, on se demande bien pourquoi.
Juste dans la continuité de cette zone, un peu à l'ouest en direction de Tarare, les dégâts ont déjà commencé: un immense espace naturel vient d'être dévasté pour recevoir une autre plate-forme robotisée de stockage érigée par la société Boiron (Homéopathie), en bordure de la Nationale 7, un énorme bâtiment triste et nu, à l'aspect de centre pénitentiaire planté au milieu d'un désert goudronné à l'usage de parking, au moins aussi grand que ceux des plus grands hypermarchés, où je n'ai jamais vu y stationner plus d'un véhicule. Cette réalisation nous donne d'ailleurs une idée parfaite de l'apparence qu'aura l'ensemble de cette zone, lorsqu'elle aura reçu la totalité des constructions et aménagements prévus: Des dizaines de forteresses pénitentiaires, longues comme des terrains de foot-ball, couvrant un espace immense sur le bassin versant de la Turdine, dans un enfer de béton, de circulation et de brouhaha de milliers de bagnoles et de centaines de poids lourds qui polluent déjà et qui pollueront encore plus nombreux la région. Le progrès aux yeux de certains, la misère mentale et écologique assurée, pour d'autres, dont je suis.
Cette vallée de la Turdine près de Saint-Romain de Popey, présentait encore il y a encore vingt ans une succession de vallons champêtres où mes grands parents venaient passer leurs vacances, où mon oncle venait assister aux courses à l'hippodrome de Saint Romain aujourd'hui disparu. Un site bucolique, non loin du château d'Avauges, dont l'entrée principale ouvrait jadis son allée de Tilleuls par la RN7, qui était la route Royale de Lyon. Mais l'esprit  corrompu de modernité n'aime guère les vallons champêtres et le site, peu à peu, s'est couvert de zones pavillonnaires et de zones d'activités mornes et laides qui, sournoisement, pas à pas, ont mangé l'espace comme une lèpre. L'arrivée de l'autoroute, il y a quelques années, qui a été vendue comme une infrastructure de développement économique respectueuse de l'environnement (Mon Dieu, pour ne pas dire plus, comment est-ce-possible?), a précipité le destin ce cette belle région, frontière historique du Lyonnais et du Beaujolais, en la vouant à un aménagement destructeur d'environnement à un point que je n'aurais pas imaginé.
Et SMADEOR est arrivé aussi, pour couronner le tout. Ces bonnes terres agricoles pourtant constamment cultivées, ces pâturages, ces bosquets, ces zones humides, riches d'une bio-diversité pourtant désignée à la préservation et bien non, on a mieux à nous proposer que cet atour improductif et somnolent du passé: Le développement économique et la création d'emplois. Le mot est lâché, et il va continuer à justifier toutes les aberrations, le rabâchage néo-libéral dont nos oreilles sont sans cesse rebattues et notre intellect toujours plus harcelé. 
Un collectif de citoyens des communes alentour s'est constitué, Quicury du nom d'un hameau que le projet d'aménagement va engloutir. Je suis fier d'y adhérer. Des projets alternatifs sont proposés respectueux de la vocation agricole et nourricière de cette région verdoyante et vallonnée, historiquement tournée vers l'élevage, le maraîchage, l'agriculture, la viticulture, dont la préservation et la revitalisation seraient plus utiles aux besoins locaux et régionaux en circuits courts.
La protestation monte et gronde depuis quelques mois, et surtout elle s'organise. Michel Mercier, le patron de la COR (Communauté de l'Ouest Lyonnais), Bruno Peylachon (Maire de Tarare et Président du Smadeor, zélé féal du premier), se sont empressés de tenir des réunions d'information du public, pour défendre leur magnifique projet, nous convaincre, disaient-ils, de l'intérêt supérieur ce qu'ils avaient décidé. J'ai participé à l'une d'entre elles, le 16 juillet 2019 à Saint Romain de Popey. Une vrai calamité: des élus, visionnaires indigents, balbutiant leurs lieux communs sur le développement économique et la création d'emplois, enfermés dans leur névrose néo-libérale, dans une conception du monde à l'agonie et n'accordant qu'une moue dédaigneuse aux questions élémentaires de l'environnement. Leur seul argument à ce sujet: Le projet respecte rigoureusement la réglementation. A la bonne heure! Cette affirmation pourrait être rassurante si elle n'était pas tout bonnement inaudible. Le bétonnage massif, l'imperméabilisation à outrance des sols, la dévégétalisation à tout crin, s'ils se conforment hélas à une réglementation parfois criminelle, ne sont jamais respectueux de l'environnement. Et le Maire de Saint Romain de Popey, un dénommé Guy Joyet, petit soldat timoré aux ordres des premiers, déclarant que ce projet est un acte de solidarité de la commune en faveur de l'emploi et qu'il faudra désormais changer nos habitudes visuelles face au bouleversement du paysage etc, etc. Une vraie misère. D'une tristesse à pleurer tout autant qu'à exploser de colère. Il n'est donc pas étonnant que l'attitude méprisante et balourde de ces grands mentors, de ces sachants si peu éclairés, daignant expliquer aux sauvages que nous sommes les bienfaits de la civilisation, ait soulevé une vraie bronca.
Un article paru le 4 septembre 2013 dans le "Canard Enchaîné", sous la plume de Jean-Luc Porchet , à propos du conflit sur le projet d'aéroport de Notre Dame des Landes, dresse ce constat plus que jamais d'actualité: "Dans ce nouveau Larzac s'affrontent deux conceptions du monde. Ceux pour qui c'est l'économie, et donc la course à la croissance, à la compétitivité, au béton, au gaz carbonique, aux échanges mondiaux, qui doit primer sur toute autre considération. Et ceux qui pensent que cette vision est périmée car elle ne tient pas compte d'une nouvelle donne, l'effondrement écologique mondial en cours (les ressources s'épuisent, et le réchauffement de la planète s'emballe), lequel exige de nos sociétés industrielles qu'elles revoient leur modèle productiviste."
Détruire notre terre au nom de l'économie ou tout faire pour tenter de la préserver en transformant radicalement nos modes de production et de consommation. Il faut maintenant choisir. Tous les Michel Mercier, les Bruno Peylachon et compagnie, ces tristes sires aux lubies nuisibles, (jeunes ou vieux d'ailleurs, car l'on peut être jeune avec des idées de vieux) ont fait leur temps, comme le monde vermoulu que leur conscience bornée s'efforce pitoyablement de promouvoir encore et encore. Notre siècle de doit plus être asservi à leurs lunes mourantes!
Moi en tout cas, il y a longtemps que j'ai choisi.
Smadeor, j'abhorre!

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