Guy JOYET, le Maire de Saint Romain de Popey (Rhône), en présentation du bulletin municipal 2020, n'y va pas par quatre chemins: le Projet SMADEOR, (qui, on le rappelle est un projet de bétonnage de plusieurs dizaines d'hectares de terres naturelles et agricoles pour recevoir des plates-formes géantes de stockage et autres usines et grandes surfaces aux confins de St Romain, Les Olmes et Sarcey) se fera, car il s'inscrit dans le cours des engagements pris antérieurement par la commune.
On admire le sens de l'argumentaire qui fleure bon le conseil en communication. Il faut le lire in extenso pour en apprécier la saveur:
"Notre commune est liée avec (sic) les orientations générales ou les grands axes de développement solidaires intercommunaux"
"Il est très important de faire référence à l'histoire politique de notre village souvent méconnue et de ne pas vouloir oublier au fil des années, les engagements antérieurs de notre commune, en l'occurrence les prises de décision stratégiques sur les axes d'aménagements, urbanistiques au profit de la Communauté de Communes du Pays de Tarare, EPCI compétent de l'époque (prise de l'orientation économique du secteur des Boudes par l'équipe municipales de 2006)"
"Occulter les prises de positions anciennes peuvent (sic) troubler la compréhension des projets de notre intercommunalité dans laquelle la principale règle de jeu est d'accepter l'évolution ou l'adaptation solidaire de notre grand territoire.
"Les orientations d'aménagement du sud du territoire qui se réfléchissent ne sont ni plus ni moins que la conséquence directe des engagements qui ont été signés à l'époque pour participer solidairement à la reconstruction du bassin d'emploi du canton de Tarare, très durement touché par la crise sans pitié du textile"
"Il serait de bon ton de mon point de vue, que cette ancienne position réfléchie pour l'intérêt collectif à l'échelle du canton de l'époque, soit ramenée à sa raison d'origine et non pas arrangée ou idéalisée selon les convenances du moment présent".
Guy JOYET, de son propre aveu, représente bien le passé, l'homme des décisions anciennes prises à une autre époque, le héraut des engagements pris antérieurement, le conservateur de l'histoire politique du village qui nous met en garde de ne pas idéaliser le présent pour ne pas troubler la compréhension des orientations du passé qui nous lient à l'avenir etc;
Ce charabia politico-technocratique d'une médiocrité au vernis admirable se perçoit comme une tentative laborieuse de pédagogie envers ses chers concitoyens, mais sonne désagréablement comme un rappel à l'ordre de leur indéférence envers l'autorité des sages, ceux qui ont pris il y a quinze ans les meilleures décisions qui soient pour l'avenir du territoire, qui sont souvent encore les mêmes qui prétendent vouloir les appliquer et il serait "de bon ton" de ne pas s'y opposer. "C'est ça, ou si t'es pas content, tu te casses", pourrait-on dire aussi en d'autres termes plus incisifs, si la pédagogie ne suffisait pas.
On sent chez Guy JOYET un homme de convictions fortes, le serviteur zélé de l'ambition des autres, habité par une flamme: le déterminisme de l'histoire. Pour cette trempe providentielle, les inepties conçues dans le passé doivent nécessairement trouver leur aboutissement dans l'avenir. Sinon, on ne comprendrait plus!
Il semble pourtant que la conscience des citoyens que nous sommes a globalement évolué depuis le temps de la désinformation de l'ORTF et du consumérisme irresponsable des Trente Glorieuses, mais force est de constater qu'il subsiste des trublions gaulois réfractaires. Face à l'urgence écologique, à l'emballement climatique, à l'effondrement de la biodiversité, à la destruction massive des terres agricoles et naturelles par la bétonisation galopante, nous nous rendons compte que ce sont précisément les conceptions anciennes de l'environnement, les "décisions prises antérieurement" qui sont la cause directe du désastre actuel.
Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, décidé il y a cinquante ans? Une catastrophe pour l'environnement qu'il a été de bon ton justement de jeter aux orties.
Le projet d'Europa City,"décidé antérieurement", gigantesque centre commercial et de parcs d'attraction sur les dernières terres agricoles de l'Ile de France? Il a été également de bon ton de le renvoyer dans les limbes.
Le projet de contournement routier de Beynac-et-Cazenac dans le Périgord, qui devait détruire une zone naturelle admirable dans la vallée de la Dordogne? La justice vient d'ordonner d'arrêter le massacre, une justice qui n'était certainement pas de bon ton puisqu'elle a annulé une "décision et un engagement pris antérieurement". Adieu les promesses mirifiques de création d'emplois, adieu les doux rêves enchanteurs de croissance, adieu le ruissellement tant espéré de la prospérité!!
Une nouvelle volonté, certainement pas de bon ton, prétend aujourd'hui obtenir voix au chapitre: C'est la voix de ceux qui, toujours plus nombreux, préfèrent une terre vivante à une terre à détruire, la voix de ceux qui s'insurgent et qui crient: Nous ne voulons pas de votre monde!!
Mais Guy JOYET est un homme sérieux et stoïque qui ne se laissera pas démonter par le cours (inverse) de l'histoire. On lui souhaite une bonne nuit.
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1ère page du "Mot du Maire" |
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