Pierre Loti, dans son récit « Au Maroc (1889) » disait d’un chef marocain qui l’accueillit un soir sur la terrasse de sa maison de Czar-el-Kebir : « Je songe aux abîmes de tranquillité et de mysticisme qui doivent séparer les conceptions de ce chérif des conceptions d’un monsieur du boulevard…et j’envie ses soirées d’été passées ici à contempler de haut toutes les autres terrasses, à écouter chanter les prières, à sonder là-bas les lointains sauvages de la plaine et des montagnes d’alentour, à regarder, par ces sentiers qu’aucune voiture n’a jamais parcourus, passer les caravanes… »
Depuis l'époque de Pierre Loti l'état insensé de notre civilisation moderne n'a fait qu'empirer et exaspérer notre effarement. L'abandon de valeurs culturelles suprêmes a confiné notre humanité dans une impasse matérialiste où se joue le sort du monde vivant. Ce n'est pas pour rien que l"Horloge de l'Apocalypse" vient d'être réglée à cent secondes de la fin du monde en raison de l'« incapacité des dirigeants mondiaux à faire face aux menaces imminentes d'une guerre nucléaire et du changement climatique"*
La déchéance morale qui nous a conduit au bord du gouffre a ses inspirateurs, ses héritiers, ses adorateurs, ses artisans et ses sbires, désignés comme fort respectables et tous dignes de la légion d'honneur. Mais il suffit de poser le regard sur l'état de notre environnement, simplement devant notre porte: Notre terre est devenue irrespirable, chaque jour qui passe est une injure de plus infligée à l'esprit sacré du monde et les crimes de la bêtise concourent avec émulation avec ceux de l'ignorance. L'homme a perdu le sens de l'unité originelle, la conscience de l'harmonie avec laquelle il fait corps, et partant le sens de sa propre existence. Dans son égarement mental il confond les conséquences de ses actes avec leur finalité, le résultat avec la fin. C'est la raison pour laquelle il s'est persuadé que les meurtrissures qu'il inflige au vivant, la médiocrité dont il flétrit son âme, l'humiliation dont il accable la dignité de l'être, sont l'accomplissement de sa destinée. Tel est son aveuglement, tel est sa surdité face à la détresse universelle dont il est lui-même le démiurge.
La déchéance morale qui nous a conduit au bord du gouffre a ses inspirateurs, ses héritiers, ses adorateurs, ses artisans et ses sbires, désignés comme fort respectables et tous dignes de la légion d'honneur. Mais il suffit de poser le regard sur l'état de notre environnement, simplement devant notre porte: Notre terre est devenue irrespirable, chaque jour qui passe est une injure de plus infligée à l'esprit sacré du monde et les crimes de la bêtise concourent avec émulation avec ceux de l'ignorance. L'homme a perdu le sens de l'unité originelle, la conscience de l'harmonie avec laquelle il fait corps, et partant le sens de sa propre existence. Dans son égarement mental il confond les conséquences de ses actes avec leur finalité, le résultat avec la fin. C'est la raison pour laquelle il s'est persuadé que les meurtrissures qu'il inflige au vivant, la médiocrité dont il flétrit son âme, l'humiliation dont il accable la dignité de l'être, sont l'accomplissement de sa destinée. Tel est son aveuglement, tel est sa surdité face à la détresse universelle dont il est lui-même le démiurge.
En fin de compte, lorsque l'on considère les hommes, ceux qui nous ont précédé dans une autre dimension de l'existence et ceux qui nous entourent aujourd'hui, on peut, comme pourrait le faire ce Pierre Loti qui veille en nous, songer aux abîmes existentiels qui doivent séparer les conceptions valeureuses d'un vieil amérindien, un vieux chef honoré, un homme médecine Sioux, de celles de cet autre chef de chez nous, un président du Sénat par exemple, ou bien un président d'une multinationale pétrolière ou agrochimique dont la prospérité dépend de la confiscation des ressources, de l'oppression et de la souillure qu'elle inflige au monde. Nous voyons l'un vautré dans le sybaritisme de la vie publique, nous voyons l'autre se gobergeant sur la misère du monde. Leur image complice renvoie à des sensations flasques d'avachissement et de haut-le-coeur, inspire des élans de colère et de désespérance. Ces spécimens humains, dont la posture d'apparence respectable tenterait encore de parler en leur faveur, sont les garants d'un ordre sans transcendance, vain et insensé dans sa finalité, coupable dans son action. Le ploutocrate, rougeaud de suffisance, tout au sommet de la société humaine qu'il se croit être, serait-il seulement assez digne de suivre le Sioux sur le sentier de la simplicité et de la vertu, "dans la conscience de son union profonde avec la nature" (Lao-Tseu)? Il a assurément une autre évangile à servir, toute de soif d'ambition et d'accumulation.
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Un être humain |
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Un président |
De même, on peut songer aux abîmes de mysticisme qui doivent séparer les visions de la nature de ce chef Sioux, fils du ciel et du vent, de celles de cet autre grand chef, celui de la COR*, le triste et terne bétonneur de la SMADEOR*, deuxième couteau flagorneur des précédents, un ciron dont le vide ontologique n'a d'égal que le pouvoir de nuisance. Ce dernier spécimen est aujourd'hui le plus courant, introduit dans tous les rouages de décision de la société, dans nos villes et surtout dans nos campagnes, comme le ver dans la charpente, où il tient un rôle particulièrement actif dans la course au désastre. On se demande quels songes improbables et malpropres animent son imaginaire.
On le voie s'agiter dans nos cantons, en quête permanente de "foncier", de préférence des terres agricoles et des vallons verdoyants à saloper, pour y accueillir ce qu'il appelle de l'activité économique et de la création d'emplois. Ces gens-là couperaient le dernier arbre de la Création, anéantirait le dernier refuge de la vie, si ce crime pouvait encore servir leur intérêt. Ces gens-là nous ont habitués au mal et le mal prépare toujours au pis.
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Un ciron porteur du virus Smadeor |
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Un être humain |
Quelles différences fondamentales séparent ces deux types d'homo sapiens? Les premiers, les Amérindiens et comme eux, les Aborigènes, les Peuples Touraniens et bien d'autres, vénèrent le Grand Mystère et l'esprit de la vie, une transcendance qui leur enseigne la voie de l'humilité qui est la voie de la plénitude et de l'accomplissement. Ils ont une prière pour les sources, les arbres et les collines. Ils appartiennent à une humanité moralement supérieure car ils respectent la nature comme leur mère. Ils donnent parfois la mort à leurs frères le bison ou le cerf non pas pour le plaisir plein de lâcheté et de bassesse des beaufs de chez nous, mais pour que leur nation survive, et, par une action de grâce, ils remercient l'âme du bison et du cerf pour l'offrande de leur vie. Leur parole est sobre comme est légère l'empreinte qu'ils laissent sur le sol. Leur intelligence est clairvoyante car ils préservent les ressources qui sanctifient la vie, ils respectent la beauté qui confèrent au monde sa dignité. Il a pu parfois être dur et cruel pour se défendre contre les éléments hostiles. Mais il demeure dans l'harmonie.
Les autres vont tranquillement la pente fatale où ils entraînent les peuples; ils sont devenus les "sans mémoire" et les "sans avenir", les idolâtres de cette putrescence qu'ils nomment "la compétition et la croissance", les visionnaires orgiaques de la destruction méthodique, les apôtres obscènes de "l'impératif économique planétaire". Ils se sont détachés de l'Arbre Sacré depuis que leur conscience s'est avilie au contact de l'or, depuis qu'elle s'est égarée dans les instincts d'accaparement et de possession. Ils n'ont de religion que dans la jubilation matérialiste, le dogme du profit et de la productivité, l'esprit de convoitise les détourne du sentier vertueux de la vie, celui qui conduit à la lumière. Ils règnent dans un monde de bruit et de cauchemar, car pour eux, la nature n'est qu'une marchandise, un bien à consommer et à jeter sur la montagne toujours plus gigantesque de leurs ordures. Aussi, ils salissent tout ce que leur regard effleure et détruisent tout ce qu'ils touchent. Ce sont des bavards arrogants qui corrompent l'air en parlant, car ils ont le souffle fétide des morts-vivants. Ce sont des nuisibles qui se déplacent avec lourdeur et qui assèchent la terre sous leurs pas. Leur malfaisance est toute leur fierté et pour ainsi dire tout leur honneur; ils commettent le mal sans jamais imaginer devoir un jour demander pardon.
En vérité, ce sont les serviteurs de la fin d'un cycle, ils incarnent la conscience finissante d'une humanité déchue qui a perdu son âme.
Les autres vont tranquillement la pente fatale où ils entraînent les peuples; ils sont devenus les "sans mémoire" et les "sans avenir", les idolâtres de cette putrescence qu'ils nomment "la compétition et la croissance", les visionnaires orgiaques de la destruction méthodique, les apôtres obscènes de "l'impératif économique planétaire". Ils se sont détachés de l'Arbre Sacré depuis que leur conscience s'est avilie au contact de l'or, depuis qu'elle s'est égarée dans les instincts d'accaparement et de possession. Ils n'ont de religion que dans la jubilation matérialiste, le dogme du profit et de la productivité, l'esprit de convoitise les détourne du sentier vertueux de la vie, celui qui conduit à la lumière. Ils règnent dans un monde de bruit et de cauchemar, car pour eux, la nature n'est qu'une marchandise, un bien à consommer et à jeter sur la montagne toujours plus gigantesque de leurs ordures. Aussi, ils salissent tout ce que leur regard effleure et détruisent tout ce qu'ils touchent. Ce sont des bavards arrogants qui corrompent l'air en parlant, car ils ont le souffle fétide des morts-vivants. Ce sont des nuisibles qui se déplacent avec lourdeur et qui assèchent la terre sous leurs pas. Leur malfaisance est toute leur fierté et pour ainsi dire tout leur honneur; ils commettent le mal sans jamais imaginer devoir un jour demander pardon.
En vérité, ce sont les serviteurs de la fin d'un cycle, ils incarnent la conscience finissante d'une humanité déchue qui a perdu son âme.
Ils suivent le chemin qui conduit à la mort.
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Le saccage de notre Terre, idéal couramment partagé (ici à Saint Romain de Popey, et ce n'est qu'un début, tout sera bientôt bétonné) |
"Sténàtlihàn, tu es bonne, je prie pour une longue vie.
Je prie pour la chance,
Je prie pour respirer la vie à pleins poumons,
Je prie pour que mes paroles soient justes.
Je prie pour que mes pieds soient comme les tiens
Et qu'ils me portent sur un long chemin.
Je prie pour que ma vie s'inspire de la tienne.
Et qu'ils me portent sur un long chemin.
Je prie pour que ma vie s'inspire de la tienne.
Je marche avec mon peuple, devant moi tout est beau.
Je prie pour que les gens sourient de bonheur tant que je vivrai.
Je prie pour que ma vie soit longue.
Je prie, ai-je-dit, pour une longue vie à tes côtés
Là où les êtres de bonté sont.
Je vis dans le dénuement
Je prie pour que ma vie soit longue.
Je prie, ai-je-dit, pour une longue vie à tes côtés
Là où les êtres de bonté sont.
Je vis dans le dénuement
Je souhaite que le peuple parle de bonheur et s'entretienne avec moi.
Je souhaite que tu partages tes qualités avec moi comme entre frères.
Je souhaite que tu partages tes qualités avec moi comme entre frères.
Devant moi est la bonté et la beauté, guide-moi vers elles!"
(Prière de l'homme médecine Apache à Sténàtlihàn, la "femme sans parents", la mère originelle- Edward S. Curtis, Les dernières tribus de légende)
COR: Communauté d'Agglomération de l'Ouest Rhodanien (le tas d'ordures où le ciron prospère)
SMADEOR: Syndicat Mixte d'Etudes d'Aménagement et de Développement Economique de l'Ouest Rhodanien (maladie dégénérative transmise par le ciron).
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Un être humain |
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la COR (tanière du ciron) |
COR: Communauté d'Agglomération de l'Ouest Rhodanien (le tas d'ordures où le ciron prospère)
SMADEOR: Syndicat Mixte d'Etudes d'Aménagement et de Développement Economique de l'Ouest Rhodanien (maladie dégénérative transmise par le ciron).
Ciron: insecte minuscule vivant sur les aliments et les détritus. Il désigne aussi un coléoptère dont la larve creuse le bois des meubles et des charpentes. Par extension, pustule de la gale (source: CNR)
L’horloge de la fin du monde ou horloge de l'Apocalypse (Doomsday Clock en anglais): C'est une horloge conceptuelle créée peu de temps après le début de la guerre froide et mise à jour depuis 1947 par les directeurs du Bulletin of Atomic Scientists de l'université de Chicago, sur laquelle minuit représente la fin du monde (Wikipedia)
Le 24 janvier 2020
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