lundi 30 novembre 2020

Le Passé


"...Notre passé survit dans toute son intégrité....nous sentons tous que le passé est ce qui existe le plus; le passé est ineffaçable et indestructible. il survit en chacun de nous à chaque instant et il pèse sur nous à tout moment. Tous nos souvenirs sont là."
En temps normal, nous ne pouvons ni ne devons pas les percevoir parce que notre fonction est un rôle actif dans la vie, le cerveau a pour mission de diriger notre regard vers l'avant, il ne laisse passer du trésor des souvenirs que ceux qui intéressent la situation présente et l'action imminente... Mais que survienne quelque incident qui éloigne notre attention de la vie, que survienne un désintérêt subit à l'égard de la vie, alors le passé tout entier se précipite dans le présent et nous apparaît dans ses moindres détails..." (Bergson, l'âme humaine, 1916 extrait)

On comprend mieux dans ces conditions que la philosophie du "carpe diem" ne soit pas seulement une option épicurienne de l'existence, une orientation de la raison, mais qu'elle puisse se révéler comme une fuite éperdue du passé, ce passé qui, alors que tout en lui est déjà mort, vous poursuit et vous étouffe encore et encore de ses hantises et de ses névroses. Même mort, on voudrait encore piétiner sa tombe, s'assurer que rien de lui, même pas le frémissement d'un râle, ne subsiste plus.
Car le passé, ce n'est pas seulement le souvenir des saisons et des châteaux, des cerisiers en fleurs et de tout ce qui eût dû être le bonheur. C'est aussi un couloir sombre peuplé de frissons de pitié et de haine, de suintements d'angoisse et de solitude, de plaintes glaçantes et de regards douloureux, un long purgatoire sans avenir.
Marcher, dormir, entrer en léthargie, se confier à la chaleur de l'animal, cette flamme fidèle du présent, se laisser emporter, attendre et espérer que l'oubli éclose enfin dans la splendeur du jour et l'horizon flamboyant des ténèbres.

Honorius/Les Portes de Janus/ 29 novembre 2020




Paroles d'un rescapé: Le passé me renvoie à un malaise intérieur dont je répugne de toutes mes forces à évoquer le goût à défaut d'en effacer la trace. J'ai commis sans doute des erreurs, plus certainement des maladresses, j'ai subi mes propres faiblesses et mon lot d'humiliations . Je les ai méditées et confessées dans le livre de la foi et de la raison. Mais j'éprouve sur tous les points une immense lassitude, pour ne pas dire une répulsion horripilante, à l'idée de regarder en arrière. Je n'ai désormais plus qu'un souhait, celui de cheminer tant qu'il fait encore jour, celui de me perdre paisiblement dans le flux du temps.

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