mercredi 12 février 2020

LA MONTAGNE SACREE (12) L'église de Fontanges

La petite église de Fontanges se dresse au cœur du bourg, près de la berge de l’Aspre, que borde à cet endroit une vaste pelouse arborée. 
Construite en 1468 sur les fondations d’un ancien édifice roman, cette église constitue, d’après les historiens de l’art, un des rares témoignages de l’architecture religieuse gothique de Haute-Auvergne. 
Elle semble posée-là de toute éternité, comme une excroissance basaltique dont les matériaux auraient été taillés sur place par la main de l’homme. Ses gros murs anthracite, empesés d’une sombre toiture de lauzes répondent à première vue au caractère rude et trapu des constructions montagnardes de la région.
Mais cette physionomie fondamentalement rustique est agrémentée par la variété des éléments tirés du génie architectural : les vitraux élancés de l’abside encadrés de beaux meneaux de types rayonnant, les archivoltes sculptées en guirlandes sobres au-dessus du porche, le clocher octogonal coiffant une tour d’allure moyenâgeuse flanquée d’espèces de petites poivrières, les contreforts équilibrant la structure et enchâssant, de part et d’autre de la nef, de petites chapelles latérales…On cherchera en vain sur ce modeste monument des effets virtuoses de dentelles et de personnages sculptés comme en abondent les terres celtiques de Bretagne, lointaines parentes par la race et le tempérament, du haut pays des Arvernes. 
Pour autant, l’ensemble de l’édifice possède un charme original de silhouette et de proportion, d’une simplicité un peu fruste, certes, mais pleine de pittoresque et de poésie. Du reste, il n’est rien de plus touchant que cette petite église blottie au cœur des vieilles campagnes pastorales. 
L’intérieur du bâtiment contraste de manière plutôt inattendue avec son aspect extérieur, d’une beauté sombre et primitive, presque mélancolique. 
L’austérité de la pierre d’origine volcanique y est tempérée par l’ajourement des vitraux qui répand une clarté radieuse dans la pénombre du sanctuaire, fait reluire dans un rayonnement mystique, l’âme des boiseries et des dorures, illumine le mortier couleur chaux vive des pans de la maçonnerie. Une atmosphère presque aérienne, comme un sentiment esthétique d’élévation, semble portée par la perspective des hauts plafonds à croisées d’ogives, d’où les nervures se détachent avec une belle pureté de ligne. 
Dans ce havre hanté de chuchotements d’éternité, comment ne pas songer à ces générations de gens au cœur simple, venus ici au cours des âges, implorer un peu de cette paix de l’âme, dans la ferveur de l’adoration et le silence du recueillement. Comment ne pas songer à tous ceux qui y reçurent jadis le sacrement des vivants ou le dernier adieu terrestre, et dont le souvenir a rejoint depuis longtemps le règne de l’ombre et de la poussière… 

Honorius/ Les portes de Janus/Août/septembre 2007

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