samedi 8 février 2020

LA MONTAGNE SACREE (5) près des crêtes de Cabrespine

Allongé dans l’herbe, près des crêtes de Cabrespine, je laisse pour ainsi dire glisser mes sens dans la perception complète et jubilatoire de l’universelle harmonie. Mon esprit se grise d’une surabondance de bien-être et des émerveillements de la beauté. L’horizon illimité poudroie dans les vapeurs de l’été comme dans un océan d’azur délavé où se fondent les silhouettes du relief gigantesque qui s’étend devant mon regard. La prairie où je me trouve immergé a la forme d’un immense glacis abrupt que balaye par intermittence, comme les lames déferlent sur le pont d’un navire, le galop sombre des nuages. Les éclats de soleil y enflamment le cours exalté des sources, éclaboussent l’air enivrant et la roche éblouie, ruissellent sur le monde en songes flamboyants de lumière. 
Ces étendues vertigineuses, dignes d’un paysage du Nouveau Monde, vivifiantes comme les élans d’une splendeur symphonique, épousent la surface agitée des massifs et leurs contorsions monstrueuses, prennent l’aspect saisissant d’une musculature saillante et puissante de mastodonte. 
Ô Divine Nature, Forces sublimes de la Création, le spectacle de votre gloire enseigne à l’homme la grandeur de l’humilité et exalte en lui ces facultés morales nécessaires au sentiment de la liberté et à l’intuition de l’Absolu. 
Et dans la paix majestueuse qui habite ces montagnes, j’entends vibrer la voix mélodieuse des clarines, cette voix pure et céleste comme un écho de l’éternelle permanence des choses. 


Au-dessus du col de Legal, Honorius/Les Portes de Janus /1999 

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